Plusieurs ministres du gouvernement Attal, comme c’était déjà le cas des précédents gouvernements d’Emmanuel Macron depuis quasiment le début de son mandat sont mis en examen dans des affaires diverses, sont condamnés mais ont fait appel ou n’ont pas été condamnés au pénal mais dans des affaires qui méritent des condamnations administratives.
Bref, ils ont des profils d’indicateurs de la police : une condamnation leur pend au nez mais elle n’est pas encore effective.
Pourquoi cette situation ?
On pourrait penser qu’Emmanuel Macron est un piètre décideur qui ne sait pas se débarrasser des ministres ou des conseillers (comme le Secrétaire de l’Elysée) qu’il aime bien lorsque ceux-ci sont mis en examen, une forme de sentimentalisme mal placé.
Peut-être.
Ou peut-être que leur situation est plutôt comme celle des indics : obligation de travailler avec la police sous peine de devoir aller en prison, où leur situation d’indic leur fera passer un séjour pénible.
Quel est l’intérêt pour un Président d’avoir des profils de ce genre ?
1 : à défaut de loyauté, ceux-ci lui seront fidèles par la peur de la condamnation.
La philosophie macroniste est celle d’individu·e·s seul·e·s en compétition constante les un·e·s avec les autres dans laquelle la notion de collectif, d’équipe, de communauté n’existe pas. Le culte du chef ne peut donc pas résulter d’une logique collective d’admiration et de travail d’équipe mais uniquement de la crainte d’être écarté du groupe et d’être condamné.
Les condamnations pour la délinquance en col blanc ou les violences sexuelles qui sont les caractéristiques de la plupart des mises en examen des ministres et conseillers ne font pas ou très peu l’objet de prison ferme en France, depuis que Nicolas Sarkozy a changé les lois en ce sens, lui permettant à titre personnel d’éviter la case prison lors de ses multiples condamnations.
Mais être condamné dans ce milieu politico-affairiste entraîne une mise à l’écart des responsabilités tant politiques que dans le monde des affaires. C’est pourquoi ces ministres et conseillers ont peur, comme les indics, de la condamnation et sont donc prêt à toutes les bassesses pour rester en responsabilité ministérielle avec une loyauté parfaite envers le chef qui peut à tout moment les envoyer vers le bannissement des responsabilités.
2 : Macron n’ayant pas de mise en examen, il reste au-dessus de la mêlée de ce groupe de ministres qui ne sont pas respectés par le peuple.
Bien que ce dernier ait des soupçons concernant la gestion de financements publics lorsqu’il était ministre des Finances ainsi que d’autres concernant ses gains lorsqu’il était banquier d’affaire, il n’y a eu pour le moment aucune mise en examen, et ces faits sont très mineurs au regard de ceux dont sont accusés ses ministres ou bien entendu Nicolas Sarkozy un de ses prédécesseurs.
Cela lui permet donc de rester bien au-dessus du groupe des mis en examen.
Les ministres concernés étant mal vu dans la population, les indics comme les ministres mis en examen sont encore mal vu en France, ceux-ci ne risquent pas d’avoir envie de se présenter à la prochaine élection présidentielle.
Car 2 candidatures macronistes serait la seule chose qui leur ferait perdre les élections de 2027.
Les médias et les militant·e·s les plus radicaux ont bien savonné la planche à leur gauche, qui s’étant divisée est pour l’instant très affaiblie avec une partie de cette aile gauche qui ne cherche pas à montrer qu’elle est prête à gouverner, préférant exister médiatiquement par des prises de positions outrancières ne permettant pas de rassurer un peuple de gauche peu radical mais qui aspire à un gouvernement efficace sur ses bases sociales et environnementales.
Avec l’entrée au gouvernement Attal de ministres sarkozistes (qui étaient déjà Ministres lorsque Nicolas Sarkozy était président), ils s’assurent que leur droite est court-circuitée et sera encore plus encline à voter pour eux.
A l’extrême-droite depuis le très beau coup de Zemmour, celle-ci est divisée entre une aile à tendance nazie et une aile plus classiquement fasciste, autour de Marine Le Pen, mais pour qui le plafond de verre des 50% au second tour est inatteignable, dans la situation actuelle du pays (si celle-ci se dégrade, la question se posera différemment).
Actuellement les macronistes préparent Gabriel Attal, qui a pour lui d’être jeune et beau mais surtout de n’avoir aucune affaire ni financière ni sexuelle : il est parfait à leurs yeux ! Les médias mainstream sont enchantés et même s’il s’avère à l’avenir n’être pas un très bon Premier Ministre, il surnagera obligatoirement au-dessus du groupe de mis en examen que compose son gouvernement.
Pour conclure voici la liste des 7 ministres actuels et conseillers mis en examen (dans l’attente d’une mise à jour lorsque les ministres délégués et secrétaires d’Etat seront nommés) :
- Alexis Kholer : Secrétaire de l’Elysée
- Gérald Darmanin : ministre de l’Intérieur et des Outre-mer
- Rachida Dati : ministre de la Culture
- Eric Dupont-Moretti : Garde des sceaux, ministre de la Justice
- Bruno Le Maire : ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique
- François Bayrou : Haut-Commissaire au Plan
- Richard Ferrand : Président du parti politique macroniste Renaissance
Ainsi que celle des 21 anciens ministres, secrétaire d’Etat ou conseillers mis en examen ou condamnés :
- Damien Abad
- Alexandre Benalla
- Agnès Buzyn
- Caroline Cayeux
- François De Rugy
- Marielle de Sarnez
- Jean-Paul Delevoye
- Olivier Dussopt
- Nathalie Elimas
- Laura Flessel
- Sylvie Goulard
- Alain Griset
- Nicolas Hulot
- Françoise Nyssen
- Sébastien Lecornu
- Gilles Le Gendre
- Muriel Pénicaud
- Jérôme Peyrat
- Marlène Schiappa
- Thierry Solère
- Chrysoula Zacharopoulou
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