En annonçant la fin de la soit-disant abondance, Emmanuel Macron a en quelque sorte officialisé la crise globale de la société qui semble dériver tel un bateau ivre tellement il semble que personne ne maîtrise rien et surtout pas le marché.
Pourquoi « fuite en avant » ? Les multinationales s’éloignent du travail qu’elles jugent « trop coûteux » et réserve de colères populaires ; de plus en plus de femmes et d’hommes refusent les conditions d’exploitation ; certain·es se suicident… Le système cherche à se concentrer sur l’énergie, à la fois pour des raisons de rendement des capitaux et de domination sur le monde.
Et Pétroliers et Gaziers sont les plus puissants, à la fois par les capitaux accumulés et aussi compte tenu de l’importance de l’énergie pour l’activité économique ; la consommation de pétrole et de gaz continue d’augmenter malgré les COP successives s’engageant à décarboner.
En effet, on ne peut trouver aucune explication économique normale aux augmentations démentielles des prix des énergies. La grève des salariés de Total et d’Esso indique bien que ce n’est pas l’évolution des salaires qui justifie ces augmentations, c’est la même chose pour les gaziers et les salariés d’EDF. La nature nous donne, certes pas sans conséquences, mais gratuitement, les matières premières ; et les installations sont amorties depuis longtemps, voire vétustes et mal maintenues et entretenues… Quant aux besoins d’investissements, les opérateurs comptent surtout sur les contribuables comme en atteste la re-privatisation totale d’EDF envisagée au moment où il va falloir financer les nouveaux EPR nucléaires annoncés par Macron (malgré le fiasco de Flamanville).
C’est qu’avec la concentration économique à l’échelle mondiale, les majors du marché sont de plus en plus puissants et ce sont eux qui décident, en fonction de leur cupidité et en toute irresponsabilité. Nous sommes bien devant une impasse systémique.
Mais ils savent bien que ça ne durera pas éternellement.
D’abord parce que les ressources sont physiquement limitées dans le temps, même s’ils reprennent les recherches et développent notamment la fracturation pour obtenir gaz et pétrole de schiste en se foutant des dégâts pour les populations, les travailleurs et l’environnement.
Et puis ça ne durera pas éternellement parce qu’il faudra bien qu’un jour les « grands dirigeants politiques », poussés par les peuples, prennent acte des recommandations des scientifiques du GIEC qui nous disent régulièrement qu’il y a urgence pour le climat.
Pétroliers et gaziers, plutôt que d’utiliser leurs immenses réserves financières (visibles et masquées) de manière utile à l’humanité tant sur le plan social que dans la reconversion énergétique, ont choisi de durer le plus longtemps possible en optimisant à court et moyen termes leurs profits.
Leur stratégie est simple : organiser la rareté et le sentiment de rareté pour faire monter les prix et ainsi vendre moins mais beaucoup plus cher, sur les marchés les plus solvables.
Ainsi les prix sont complètement déconnectés des coûts et de la valeur d’usage de la production dont le but n’est pas de répondre aux besoins mais de produire du cash.
On ne peut expliquer autrement les mirobolantes hausses des prix de l’énergie qui alimentent les superprofits. Il faut y ajouter l’invraisemblable indexation du prix de l’électricité sur celui du gaz.
Cela génère des réactions en chaînes non maîtrisées sur les coûts de fabrication, de transport, de chauffage etc. A quoi s’ajoute la généralisation des techniques marketings d’optimisation des profits en jouant sur la rareté, et le sentiment de rareté, pour faire monter artificiellement les prix.
Et accessoirement, l’augmentation des prix, notamment de l’énergie (près de 60% de taxe sur l’essence) arrange bien l’État dont les recettes augmentent sensiblement et, lorsqu’il en reverse une petite partie, il peut proclamer qu’il protège les Français dans la tourmente.
Et pourtant, le pire n’est pas inéluctable. Des scientifiques ont élaboré le scénario négaWatt qui montre que des solutions existent mais ils précisent : « les seules forces du marché ne semblent pas suffisantes, il est donc nécessaire d’évoluer vers des formes plus horizontales, partenariales et participatives de gouvernance, de l’échelle locale à la coopération internationale ».
Autrement dit, on vérifie combien les combats sociaux et le devenir de l’Humanité sont liées, il est urgent que de puissants mouvements populaires se développent pour faire émerger des solutions alternatives durables.
Alain Lacombe, Pierre Zarka
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