Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Pour un nouvel âge de la médecine

Fin du monde, fin du mois, même combat

Sur terre, notre relation d’humains à notre environnement est liée à l’exigence qui est la nôtre de produire notre vie en puisant dans notre environnement. Cette capture qui va de la pierre taillée à la production désormais mortifère de Co2 s’effectue aujourd’hui selon le mode capitaliste. Mais voilà la terre brûle, la crise écologique planétaire, nous y sommes. Les perturbations climatiques sont palpables ; accumulation de gaz carbonique, élévation des températures, fonte des glaciers, disparitions accélérées d’espèces animales… Aucune des prévisions des chercheurs n’est infirmée par l’expérience sensible des habitants. Il est même acquis que notre environnement est entré dans un état de crise tel que la présence humaine au monde est en péril. C’est la relation des humains entre eux et avec leur environnement qui fait société. (Tous les articles du dossier sont ici !)

Sylvie Faye Pastor

La médecine occidentale découle d’une vision hygiéniste, productiviste et positiviste du XIX siècle. On sait tuer les microbes, stériliser. On sait changer des pièces du corps humain. Cette médecine basée sur une rationalité et de l’expérimentation, a contribué à l’amélioration de la santé, à l’allongement de la durée de vie surtout quand elle est liée à des systèmes de santé et de protection sociale accessibles à tous.

Nous sommes toujours dans la réparation.

Cette vision pose l’homme comme maître et possesseur de la nature, le savant surplombant le profane et ne tient compte ni de l’environnement ni du fait que le patient est un être actif.

S’il y a 50 ans, on mourrait surtout de maladies infectieuses, aujourd’hui, sur 100 décès, 70 viennent de maladies non infectieuses. Cette transition met en cause principalement l’environnement.

Or les techniques de soins n’intègrent pas ces données. Nous sommes toujours dans la réparation, même si elle est de plus en plus fine, alors que les maladies chroniques (diabète, cancers, obésité, maladies cardiovasculaires, neurologiques, endocriniennes) explosent sous l’impact des perturbateurs endocriniens. Tous les organismes vivants végétaux, animaux sont contaminés. Depuis 1950, 140 000 nouveaux produits chimiques ont été synthétisés. 5000 sont répandus dans l’environnement, l’alimentation, l’air, l’eau, les cosmétiques, les carburants, les pesticides, les produits nettoyants… avec des effets sur les vivants et leur descendance[1].

Un saut paradigmatique est à faire.

La réponse des pouvoirs publics est d’un autre temps :

La CNAM [2] dans son rapport de 2018 ne propose rien concernant les maladies chroniques environnementales. Le vieillissement est relevé comme principale raison de cette mutation (de nombreuses études montrent que ce n’est pas que cela). On reste à la maîtrise médicalisée des coûts.[3]

Le 4eme plan national santé environnementale plaide pour une meilleure connaissance des effets de l’environnement sur la santé. Comme si les études scientifiques n’étaient pas lues ! Quant aux actions concrètes, il est surtout question de « Susciter des engagements volontaires des industriels et des distributeurs pour substituer, dans les produits de consommation courante, les substances pouvant présenter des propriétés de perturbation endocrinienne. (action 41). » On reste sceptique sur l’efficacité de ce flou.

Un saut paradigmatique est à faire, en médecine comme dans toutes les activités humaines. Il nous oppose aux intérêts capitalistes.

Sylvie Faye Pastor


[1] L’Endocrine Society, organisation de référence au niveau mondial 2015

[2] Caisse nationale d’assurance maladie

[3] https://www.alternatives-economiques.fr/sante-environnementale-maladies-chroniques-cout-de-linaction/00086679#footnote4_yg2ond0

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