Notes d'actu.

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LOI ANTICASSEURS ?

par Laurent Levy

A propos de la « loi anticasseurs », le premier ministre déclare devant l’Assemblée : « Il s’agit bien de la défense des libertés, collectives et individuelles, de la défense des personnes et des biens contre les tenants de la violence et les ennemis de la République ». Nous sommes en 1970 et ce premier ministre est Jacques Chaban-Delmas. A la fin du XIXe siècle déjà, des lois du même ordre avaient été adoptées : les « lois scélérates ». Le droit de manifester, de s’organiser, de contester l’ordre établi est en tension permanente : cela ne date pas d’hier.

 

Le fait que de fervents soutiens d’Emmanuel Macron expriment leurs désaccords avec ce texte est pourtant l’indice d’un pas franchi, dont on aimerait qu’il soit le pas de trop, dans l’aggravation du glissement répressif et autoritaire du pouvoir. Les libertés publiques sont d’année en année attaquées par de nouvelles lois scélérates, avec entre autres l’introduction en droit commun des règles de « l’état d’urgence », instrument de la répression coloniale en Algérie, déjà étendu aux banlieues en 2005. De même, les dispositions prévues pour lutter contre la violence dans les stades ont-t-elles été appliquées aux manifestants. Les mesures visant à limiter les libertés publiques dans des situations particulières sont toujours étendues pour s’appliquer finalement aux mouvements sociaux.

 

C’est la fuite en avant du néolibéralisme pour imposer sa domination, et ces législations se combinent avec les pratiques policières violentes. Ceux dont on a élargi le « droit de légitime défense » sont invités à estropier, éborgner, mutiler, tuer dans les centre villes. Ce qui était le lot de la jeunesse «  racisée, » est à présent celui de quiconque s’oppose au pouvoir : se sentir en danger permanent. Si la loi « anticasseurs » vient limiter le droit de manifester, ce droit est déjà mis en cause depuis plusieurs années par les pratiques policières. Le capital n’a pas besoin de démocratie. À défaut de convaincre ou d’endormir, il frappera.

 

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