Poser des questions techniques, éthiques et politiques est légitime
La pandémie Covid 19 affecte les populations de nombreux pays voire la planète entière et s’installe dans le temps. Pour tenter d’endiguer la propagation du virus, les mesures mises en place ont une incidence sur l’économie, nos libertés et modes de vie.
Nous aspirons tous à l’éradication de cette maladie pour ne pas dire à un retour à la vie d’avant car nombre d’entre nous l’envisageait déjà meilleure.
Depuis début 2020, l’état et son administration organisent la protection de la population en adossant ses décisions sur les conseils de la Haute Autorité de Santé (HAS). Institution composée de scientifiques de renom. Un suivi régulier est fait par un conseil de défense et de sécurité piloté par le président de la république.
Les objectifs affichés sont de santé publique et de préservation de l’activité économique.
Au fil du temps, nous constatons que les décisions sont changeantes, faussement empiriques car prises pour dissimuler l’absence de stock de masque, de tests, de respirateurs en réanimation, de lit, de personnel soignant etc. Les choix passés désignent des responsables politiques tenant des réductions de budget de santé publique.
Les mesures sont souvent perçues comme arbitraires et irrationnelles : ouvertures des supermarchés et fermetures des marchés en plein air, restrictions des déplacements et transports en commun bondés … les lieux de culture sacrifiés
On mesure vite que le maintien de l’activité économique fait prendre des risques à certains salariés et les lois du travail sont amandées par une loi d’exception.
Le fil conducteur sanitaire et économique affiche graduellement des pratiques autoritaires au service d’une logique financière hégémonique. Une phase de pédagogie est recommandée à ceux qui se posent des questions puis le dénigrement et enfin l’insulte ou le complotisme est réservé à ceux qui débattent, s’organisent et manifestent.
Pour sortir de cet état de guerre à la maladie, l’arme fatale est le vaccin mis au point en un temps record parce que, nous dit-on, toutes les équipes de nombreux labos sont sur le coup.
Pas d’inquiétude à avoir, tout est sous contrôle. Au pays de Pasteur, il faut avoir confiance. Le bénéfice risque est en faveur de la vaccination, alors fonçons ! Mais quid de ceux qui n’auront pas les moyens, la logistique ad hoc ou que les vaccins déjà existants ont rendu malade ? Ceux-là et d’autres feront-ils pertes et profits ?
Il faut faire confiance aux laboratoires pharmaceutiques, aux autorités de santé, aux politiques de l’exécutif. Est-ce bien raisonnable ?
Les laboratoires pharmaceutiques :
Malgré de nombreux scandales sanitaires (sang contaminé car non chauffé, idem pour le facteur 8 des hémophiles distribués dans de nombreux pays alors qu’on le savait contaminant au VIH, Mediator, Levothyrox, Dépakine (plus pollution dans et autour du site de Mourenx etc.), le show financier continue.
Malgré les victimes, la justice ne passe pas et les profits vomissent leur suffisance au service public indigent. La logique financière d’accumulation pousse les murs de l’optimisation fiscale aux frontières de la légalité en dérivant librement jusqu’aux paradis du même nom.
Le modèle financier est connu depuis des années mais personne ne l’arrête : Restructuration de la recherche privée au détriment de la recherche publique, plan de suppression d’emplois affectant tous les secteurs industriels (recherche, industrie de principes actifs, industrie de production de médicaments et de leurs distributions, information médicale et pharmacovigilance) au détriment des outils de travail, des savoir-faire et finalement de la cité.
Cette orientation financière a altéré en profondeur la production de médicaments anciens et nouveaux (retard en recherche, casse de capacité de production et de savoir -faire par les délocalisations, abandon d’axes de recherche …)
La France et l’Europe ne sont plus indépendantes en matière de production de principe actif, et les ruptures de stocks affectent les patients.
Aujourd’hui, il faudrait faire confiance à cette industrie en oubliant leurs turpitudes.
La devise de la libre concurrence reste : « privatisation des profits et mutualisation des pertes » à laquelle on ajoute la prise en charge par la collectivité des effets secondaires potentiels à venir.
Dans le contexte d’avant Covid, la situation était grave et alarmante en termes d’accès aux soins, en plein Covid elle est dramatiquement inquiétante.
Cette industrie, peu vertueuse, sensible comme Blackrock, doit en 9 mois trouver un vaccin efficace, le produire et le distribuer à moins 70 °C et charge au réseau de santé de l’administrer aux patients selon un cadencement issu d’un rationnel scientifique à faire comprendre.
Toutes les industries du secteur : recherche, production de principes actifs, de médicaments, sous-traitants/façonniers, fournisseurs de fluides, d’excipients, de verreries, de PVC, de cartonnage … fonctionnent sur le même paradigme à savoir politique de flux tendus, réductions d’emplois et fermetures d’usines.
Il faut s’attendre pour le vaccin ou pour d’autres médicaments à de nouvelles ruptures d’approvisionnement, à des arbitrages, des cadencements de production et de livraison car cette nouvelle production massive vient en plus des productions existantes. Pfizer a déjà annoncé des ruptures de matières premières et des objectifs de production moindre. Les outils industriels ne sont pas dimensionnés pour cette demande soudaine. Comme à l’hôpital cela va se traduire par des pertes de chance en termes de soin.
C’est une question économique, éthique et politique qui dépasse de bien loin la question de confiance subjective lancée dans l’urgence à l’opinion publique.
Qui va organiser cette logistique mondialisée ? Au service de quelle éthique et d’accès aux soins pour tous ?
Les autorités de santé :
En charge de la mise sur le marché des nouveaux vaccins, ces organismes nationaux et transnationaux (FDA, EMA, ANSM) ont validé en un temps record les travaux des équipes de recherches des laboratoires pharmaceutiques. Ces nouveaux vaccins sont pourtant issus d’une nouvelle approche vaccinale à savoir l’utilisation d’ARN messager pour solliciter la production d’anticorps. Les études ne sont pas remises en question en dépit de cohortes d’essais réduites et de l’impossibilité d’enregistrer des effets secondaires sur le long terme comme de possibles réactions particulières. Et personne ne sait combien de temps ce vaccin est protecteur !
Ces agences sont aussi très loin de porter l’exigence d’un vaccin sans sels d’aluminium ou sans squalène.
Le système de pharmaco vigilance, très mal renseigné, devra faire office d’alerte à posteriori. On entend toutefois parler de la mise en place d’un fichier de suivi des patients vaccinés sans toutefois en connaître les objectifs réels. Pharmacovigilance ? Passeport sanitaire ? Obligation vaccinale ?
Les autorités de santé ont également validé ce qui, habituellement, peut prendre des mois à savoir tout le processus de production industrielle alors même que là aussi on nous informe que le vaccin doit être maintenu dans une chaîne de froid à moins 70 °C.
Toutes les étapes de qualifications des équipements, des méthodes de contrôles en cours et du produit fini, des conditions de stockage et de distribution et d’habilitation des personnels par la formation, la rédaction des procédures spécifiques à la nouvelle production doivent faire l’objet d’un dossier réglementaire déposé pour acceptation aux autorités telles que la FDA, l’ANSM etc. Toutes ces étapes doivent faire l’objet d’essais documentés et renouvelés plusieurs fois. En temps normal, pour une faille dans la documentation de qualification et validation des équipements, des établissements industriels pharmaceutiques peuvent être sanctionnés du simple avertissement jusqu’à l’arrêt provisoire ou définitif de l’équipement.
Pour exemple, Pfizer va utiliser le sous-traitant/façonnier Recipharm alors que cet industriel n’a jamais produit ce vaccin ni maîtrisé une chaîne de froid à moins 70°C. Quand ont été qualifiés ses équipements ? Va-t-il recourir à du personnel intérimaire ? D’autres laboratoires auront aussi recours à la sous-traitance.
Dans ce contexte anxiogène et de passifs lourds des autorités de santé dans la gestion de dossier comme le Mediator, la Dépakine, il est légitime de s’interroger sur le rôle, la compétence, en bref la légitimité et l’indépendance scientifique et politique de cet organisme censé nous protéger.
Les vérifications scientifiques légitimes doivent-elles céder à l’urgence ? N’y avait-il pas des aménagements et investissements dans l’organisation des soins, la mise en place de tests pour détecter les clusters et les gérer, des respirateurs en nombre suffisant, des thérapies différentes sont-elles en cours de recherche ? Qui prend le risque de cette accélération, le patient ? Sommes-nous en droit d’affirmer que les citoyens, en l’occurrence pour l’heure, nos aînés et les soignants ne sont pas les cobayes d’un essai lancé larga manu, comme un joueur inconscient lance ses derniers jetons pour le jackpot.
Les politiques de l’exécutif :
Depuis des décennies d’alternance politique autour d’un même consensus économique le libéralisme, il est question de lutter contre le chômage en aidant les entreprises. Tout y passe, réduction d’impôts, exonération de cotisation sociales, modification du code du travail pour faciliter les restructurations et en accélérer le processus …
Résultat : Le Chômage augmente (bien qu’on ne compte plus que les inscrits, les autres sont laissés sur le bord de nos chemins ceux qui mènent à notre travail vider de sens et à nos lieux de vacances de la pensée.) et les entreprises capitalisent et délocalisent.
Quant aux régimes sociaux, en manque de cotisations, leurs recettes, ils s’appauvrissent et la sécurité sociale est menacée, les systèmes de retraites sont altérés (et pas pour un déséquilibre démographique) les hôpitaux, les EHPAD manquent de tout.
Cette logique politique de restriction budgétaire nous a conduit à cette gestion cacophonique, mensongère et meurtrière de la crise sanitaire. Le président de la République dans ses premières allocutions envisageait « un vaccin bien commun » et des lendemains différents.
Celui-ci, aujourd’hui, sollicite la confiance alors qu’il incarne le passif en menant la même politique. Il poursuit les suppressions de lits dans les hôpitaux, les coupes budgétaires, la réintroduction de la casse de la retraite par solidarité intergénérationnelle en la substituant à une retraite par points. Les contrats signés avec les industries pharmaceutiques le sont dans la plus grande opacité, sans garantie d’être livré un jour et sans assurance d’une protection sanitaire des populations sur le long terme.
La détresse des hospitaliers, il s’en moque ; quand ils travaillent sans rien dire, il les couvre de louanges et quand ils manifestent pour revendiquer des moyens pour soigner, il leur envoie la police pour les gazer et les traîner sur les trottoirs à coups de matraque sur la tête et dans les côtes. C’est aussi ce corollaire autoritaire que portent les accords de libres échanges Tafta et Ceta parce que le néolibéralisme ce n’est pas le bien commun, le fil conducteur, mais la propriété privée qui fait loi.
Certains se portent parties civiles pour mettre en accusation cette gestion de la crise sanitaire de la Covid19, ils ont sans doute raison cette voie apportera peut-être quelques dédommagements aux victimes.
Mais c’est d’une condamnation bien plus large dont nous avons besoin, pour plus de solidarité, de santé, de loisirs, de culture et de progrès social … Pour imposer la sortie des activités de santé du marché et d’autres choix.
31/12/2020
Bernard Dubois, cadre sanofi
Membre médicament bien commun
Capitalexcit commission médicaments
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