La paix est impossible sans justice sociale

La question de la paix est l’une des questions les plus profondes et les plus complexes auxquelles l’humanité est confrontée. Elle englobe d’innombrables concepts et approches. Mais elle a aussi une dimension profondément personnelle et concrète, surtout lorsque votre propre pays souffre de la guerre.

La première condition de la paix est la capacité à définir clairement ce qui est juste et ce qui ne l’est pas, à faire la distinction entre les victimes et les agresseurs. Elle exige d’identifier les responsables de crimes et d’agressions militaires et de s’assurer qu’ils répondent de leurs actes.

La deuxième condition est la cessation immédiate des hostilités, la désoccupation des territoires saisis et le droit des personnes à rentrer chez elles.

À plus grande échelle, une paix durable n’est possible que si les dirigeants politiques et les personnes au pouvoir s’engagent véritablement à respecter les valeurs humanistes, telles que le caractère sacré de la vie, la dignité humaine et le bien-être, l›égalité, la justice, l›honnêteté et la solidarité.

Mais nous comprenons qu’une telle vision a peu de chances de se concrétiser de notre vivant. Ces valeurs ne peuvent pas s’épanouir dans des systèmes politiques et économiques conçus pour profiter à quelques privilégiés, souvent au détriment de la majorité.

Cela nous amène à une conclusion essentielle : la paix est impossible sans justice sociale.

Des guerres sont encore menées pour des ressources – terres, personnes, patrimoine culturel et richesses naturelles. À l’origine de ces conflits se trouve l’objectivation de la nature, de la culture et de la vie humaine, réduites à de simples instruments de gain économique ou politique.

Tant que cette recherche du profit restera une valeur dominante, tant qu’elle servira à mesurer la force et le statut d’un pays dans le monde, les guerres continueront.

Lviv, 23 Avril 2025
Yana Wolf (Dotsenko), membre du groupe féministe ukrainien Bilkis