Tu veux faire quoi toi quand tu seras plus grand·e ?
Princesse ! Pompier ! Astronaute ! Maîtresse…
Élisabeth Borne, Ministre de l’Éducation nationale : « Il faut se préparer très jeune presque depuis la maternelle, à la façon dont on se projette dans une formation et dans un métier demain ». Ben voyons… remonter à la maternelle, Sarkozy y avait pensé aussi : en 2005, s’appuyant sur un rapport de l’Inserm qui préconisait « le repérage des perturbations du comportement dès la crèche et l’école maternelle », il proposait de ficher les petits. Car les colères des petits, dès trois ans, pouvaient « prédire » la future délinquance. Une pétition de plus de 200 000 signatures avait clos le débat.
Mais régulièrement, on nous rallonge la même sauce : dès le départ, tout est joué. La délinquance, la violence, l’orientation. Sauf pour les cols blancs. Leurs enfants sont toujours protégés.
« Notre problème c’est la question globale de l’orientation » dit-elle. Mais pas les réformes, évidemment. Allons, Mme Borne… notre problème, ce ne serait pas plutôt l’accès de toutes et tous à une éducation émancipatrice, génératrice de citoyen·nes éclairé·es ? Notre problème, ce ne serait pas plutôt de résoudre les inégalités d’accès aux savoirs ? Notre problème ce n’est pas la reproduction des inégalités sociales, répercutées en inégalités scolaires ?
Non, bien-sûr. Le but, c’est de mettre les classes populaires au travail le plus vite possible, sans faire d’études.
Classes laborieuses, soyons méfiants.
Classes laborieuses savantes, danger imminent !
Le propos, d’une bêtise crasse, est révélateur d’un schéma de pensée. Orienter le plus tôt possible, c’est organiser un tri. Du parcours avenir (de la 6eme à la terminale) à Parcours SUP, on oblige chaque élève à penser une orientation en fonction de ses possibilités du moment. Et nous (enseignant·es) participons bon gré mal gré à ce dispositif. Des difficultés au collège ? Il faut réfléchir à un projet professionnel. Réussite ? Pas de projet professionnel ? Rien de grave. Tu choisiras plus tard.
Le vrai problème, Mme Borne, c’est de trouver comment créer les conditions pour que chaque enfant trouve, à chaque instant, la motivation d’apprendre, sans instrumentaliser savoir, savoir faire, savoir être. Pour que chaque enfant comprenne le plaisir d’apprendre.
Et que TOUS et TOUTES grandissent et sourient « avec des dents d’une égale blancheur ».
Alexandra Pichardie – Sylvie Larue
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