Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Plus que jamais la paix ?

 Il nous paraît impossible de consacrer un éditorial à la paix sans mentionner d’une façon ou d’une autre la guerre d’agression à laquelle est confronté le peuple ukrainien. D’où, la réaction à chaud à un texte quelque peu lunaire, ne tenant pas compte de ce qui se passe ici et maintenant. D’où aussi cette réponse à votre invitation à écrire une contribution sur le sujet. Trois ans depuis ce funeste 24 février qui vit la soldatesque aux ordres de Poutine envahir l’Ukraine. Pour un terrible bilan ! Près de 200 000 victimes sur le front, dont 70 000 tués. Voilà l’abominable bilan humain d’une guerre d’agression, produit des obsessions d’un autocrate et de son rêve d’expansion

 « Plus que jamais la paix » ? Oui, bien sûr ! Mais quelle paix ? À un peuple qui se bat avec un héroïsme admirable on ne proposerait qu’une seule perspective, « plus que jamais la paix » ? Et on ne proposerait aux militant.es engagés dans le soutien à la résistance ukrainienne que ce seul mot d’ordre ? La paix, mais quelle paix ? Accepter les annexions ? Céder aux diktats du Kremlin ? Ne serait-ce pas une capitulation ? Inacceptable, car en Ukraine, comme en Palestine, l’occupation est un crime !

Nous pensons au contraire qu’il faut plus que jamais donner aux Ukrainien.es les moyens de continuer à se battre. Et donc de produire eux-mêmes les armes dont ils ont besoin et livrer massivement celles que les États-Unis sont en passe de ne plus leur fournir. S’il est vrai que l’Europe dispose de capacités suffisantes pour produire et expédier ces armes, croire que cela peut se faire sans adaptation et sans prendre du temps, ce serait entretenir une illusion à la fois factuelle et temporelle, comme l’a montré, en France, la réorganisation de la production d’obus pour l’Ukraine dont cette guerre d’attrition fait une consommation effrayante. 

Mais il y a plus. Si, comme nous sommes en droit de le craindre, il existe, comme vous l’écrivez dans votre invitation, une « menace russe » qui pèse à l’évidence sur les pays de l’ex-glacis soviétique n’est-ce pas une incontournable donnée ? Sauf à considérer que le sort des pays baltes, entre autres, ne nous concerne pas ! Le niveau de conflictualité est désormais tel, que nous sommes d’ores et déjà en présence, sous de multiples formes, d’une « guerre avant la guerre », une « guerre hybride ». C’est dans ce contexte de défense à double détente – Ukraine et Europe – que la question de la production d’armes et du réarmement se pose.

Comment songer à aider l’Ukraine sans faire payer les avoirs russes ? Comment passer à une production de masse des armes nécessaires à la résistance ukrainienne en évitant de tomber dans le piège d’un réarmement généralisé voulu par les lobbies militaires et les grands groupes capitalistes de l’armement sans mettre en avant la nationalisation de celles-ci ? Comment accepter l’augmentation des crédits militaires sans exiger que soient mis à contribution les milliardaires et non la société ? Comment accepter une augmentation des effectifs – surtout concernant l’armée de terre – et un renforcement en matériel pour faire face, si elle nous est imposée, à une guerre à haute intensité sans promouvoir un autre modèle d’armée ? Une armée populaire et démocratique.

Vous écrivez, non sans raison, « jamais et nulle part on a eu la paix en préparant la guerre ». Mais dans le contexte d’une guerre qui risque de nous être imposée, ne devrait-on pas écrire plutôt avec raison, éloigner une guerre d’agression « en se préparant » à une guerre de défense ? 

L’équipe d’animation de la Commission internationale d’Ensemble ! 
Mouvement pour une Alternative de Gauche, Écologiste et Sociale
26 avril 2025

Cet article fait partie du dossier :

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