Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Paix impériale ou paix populaire ?

Mars 1871 : les femmes de Paris s’opposent à la saisie des canons achetés par le peuple pour se défendre de l’envahisseur prussien. Je valide. 5 décennies plus tard, boucherie de la guerre inter-impérialiste de 14-18. Je ne valide pas. 2 décennies plus tard, la révolution espagnole réclame des armes, des travailleurs du monde entier s’engagent dans les brigades internationales. Je valide. 5 ans plus tard, la résistance armée antinazie en France est notamment armée par l’Angleterre coloniale qui domine l’Inde. Malgré tout, je valide. Années 1950, guerre coloniale d’Algérie. Je ne valide pas. Guerre du Vietnam, soutien à la lutte armée du peuple vietnamien et pour la défaite de l’impérialisme américain. Je valide. 1er janvier 1994, insurrection au Chiapas sous la conduite du sous-commandant Marcos et de l’Armée zapatiste de libération nationale. Je valide. 1991 et 2003, guerres d’Irak. Je ne valide pas. 2011, guerre et création du Rojava, la zone autonome kurde du nord-est de la Syrie. Je valide. Février 2022, début de la lutte armée du peuple ukrainien contre l’agresseur russe. Je valide. Massacres permanents à Gaza par l’armée israélienne. Je ne valide pas, désespéré et horrifié. Au terme de ce cheminement historique apparemment contradictoire du point de vue de la recherche de la « paix », que conclure ?

Que les affrontements sociaux (et de classe) se prolongent dans des guerres, moyens que choisissent les classes réactionnaires pour mener leur lutte et le maintien de leur domination, lorsqu’elles ne voient plus d’autres solutions. Que face à ces choix, le mouvement ouvrier et les mouvements d’émancipation doivent résister en cas d’agression et ne peuvent pas rester spectateurs ou passifs. Le choix du recours aux armes est déterminé par la nature sociale et politique de la guerre : lutte de libération nationale ou guerre impérialiste ou coloniale ? Notre objectif doit être de restaurer la paix mais pas une paix impériale, grosse de nouveaux conflits à venir mais une paix populaire respectueuse des droits des peuples, de leurs droits démocratiques et sociaux. Le traité de « paix » de Versailles, conjuguée à la défaite de la révolution allemande, a nourri le nazisme. La Résistance aboutissant à la Libération en 1945, qui a produit le programme du CNR, a permis l’instauration de la paix et des avancées sociales impensables en 1939. Aujourd’hui, en Europe, la résistance ukrainienne est une résistance anti-impérialiste et antifasciste, mais aussi une lutte pour la démocratie et la défense des acquis sociaux. Dans les années 1930, la défaite de la révolution espagnole a eu de tragiques conséquences sur le continent européen. Il est probable que la Seconde Guerre a commencé dans les faubourgs de Barcelone. Déjà à l’époque, une certaine gauche tergiversait à soutenir la République espagnole, à lui apporter l’aide militaire dont elle avait besoin, alors que la réaction franquiste était soutenue sans réserve par l’Allemagne nazie et l’Italie mussolinienne. Ici même, en France, une défaite ukrainienne pèserait lourdement sur nos épaules. Elle conduirait au renforcement des blocs militaires et à une période d’affrontements permanents qui ne serait pas favorable aux partisans/nes de l’émancipation.

Patrick Le Tréhondat

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