Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Services publics, passer à l’offensive (SUITE)

Après avoir exploré la notion de service public (voir numéro 34) Cerises s’interroge avec des syndicalistes : les luttes peuvent-elles être plus efficaces ? Elles sont majoritairement soutenues par la population et pourtant souvent elles ne gagnent pas. Fatalité ou tout n’a pas encore été essayé ? Dépasser la défense des acquis et la dénonciation pour une dynamique post-capitaliste ne permettrait-il pas de modifier le rapport de force ?

Mettre au centre des luttes, l’apport des travailleurs et travailleuses des services publics aux responsabilités de la société envers ses membres, n’est-ce pas se donner de nouveaux atouts ? N’est-ce pas nouer de nouvelles alliances avec les usagers ?


Trois pistes pour mettre pouvoir et capitalistes sur la défensive

Comment dépasser les limites actuelles des luttes? Telle a été l’interpellation de Cerises. Trois pistes se sont dégagées.

1-

Cerner de plus près et au concret le sens du mot « service public ». Il est trop souvent connoté comme lié à l’étatisation alors qu’il recouvre une définition qui fait de la réponse aux besoins du plus large public, y compris écologiques, la raison d’être en société. Cette approche a permis, on le verra, de dépasser le stade des doléances pour reprendre le mot de Jean-Claude Roger et d’imposer le maintien d’une ligne SNCF Rennes-Chateaubriant même si les questions du matériel et du financement demeurent. Cela permet aussi à Evelyne Sire-Marin de montrer que l’enjeu de la lutte des juges n’est pas corporatiste mais renvoie à une conception de la justice. Démontrer que l’on agit pour répondre aux besoins du plus grand nombre et comment les financer peut dépasser des limites de la lutte et sont, selon plusieurs interventions des rédacteurs de Cerises, loin d’être épuisées et présentées comme pouvant modifier le rapport des forces.

2-

L’autogestion. Cela renvoie au débat précédent : nous avons intériorisé que les services publics étaient liés à l’État, confondant certainement les concepts de nation et d’État. Qui sinon les salariés et les usagers sont les mieux en situation de faire part des besoins et des possibilités d’y répondre ? Il y a un écueil à éviter :  considérer que l’autogestion ne pourrait concerner que des entreprises de petites dimensions pour être à la portée des intéressé/es et que cela pourrait nuire à l’unité nécessaire dans des domaines tels l’enseignement ou de la politique de soin. Or là aussi, viser explicitement à l’autogestion et lui donner les moyens de recouvrir la dimension géographique nécessaire est une clé pour donner du crédit au devenir des services publics. Patrick Le Tréhondat et Patrick Vassallo l’ont fortement souligné.  Dans sa contribution Laurie Fontaine invite à faire le choix de l’auto-organisation en faisant confiance à l’expertise de terrain des salarié.es.

3-

Enfin, on lira que la reconnaissance du rôle des salarié/es et leur statut n’est pas un conquis des seuls salarié/es mais un levier essentiel à la qualité du service public. Pierre Schwob, Olivier Frachon, Marianne Coudroy font la démonstration que le management actuel, l’organisation du travail réduite à un tableau de bord et à des chiffres participaient à dégrader le rôle des services publics. Il n’y a donc pas de dissociation entre reconnaissance du travail et usagers.

Autant de questions qui dépassent la dissociation du social et du politique et peuvent mettre pouvoir et capitalistes sur la défensive. La Charte d’Amiens dont se réclame la CGT n’appelle-t-elle pas à ce que l’action syndicale participe à la transformation de la société ?


Dossier élaboré par Catherine Destom-Bottin, Marianne Coudroy, Bénédicte Goussault, Sylvie Larue, Daniel Rome, Pierre Zarka.


Finalités, mission, liens usagers/salarié.es

Services publics : les luttes retissent le lien aux usagers.

Mettre au centre des luttes le rôle social des travailleurs et travailleuses des services publics, sans lesquelles la société ne peut tenir debout, sans lesquels la société de demain ne peut se bâtir, n’est-ce pas se donner des atouts pour nos luttes ? N’est-ce pas ce qui peut aussi nouer de nouvelles alliances avec les usagers ?

Enfin, redonner du sens à leur travail, et permettre une reprise en main par les salarié.es eux-mêmes, n’est-ce pas déterminant pour basculer vers des victoires?

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Légitimes pour décider localement…

Depuis des années, les salariés des services publics luttent syndicalement et professionnellement pour défendre leurs conditions de travail et, pour les plus engagés, la qualité de leur mission de service du public. Leurs manifestations syndicales sont d’ailleurs très soutenues par l’opinion publique. Les luttes des cheminots, des enseignants et des soignants sont restées très populaires et ont fait l’objet des soutiens des parents d’élèves et d’une grande partie des usagers.

Progressivement, en lien avec l’aggravation des attaques qu’ils subissent et le caractère toujours  défensif de leurs combats, si les luttes syndicales persistent, il semble que le sentiment de l’impossibilité de sauvegarder le sens, l’essence même de leur métier, de leur fonction, ait gagné du terrain.

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Se sentir légitimes parce qu’expérimenté.es

Se sentir légitimes pour décider… Cette phrase résonne d’autant plus que c’est sans doute ce qui nous manque souvent collectivement dans nos luttes. Je suis enseignante dans un collège relevant de l’éducation prioritaire. C’est la période de l’attribution aux établissements des dotations horaires pour la rentrée prochaine, avec son lot fréquent de tensions mais aussi parfois de pressions exercées par les hiérarchies. Dans nos discussions dans les salles des profs, il y a consensus sur l’idée de défendre le service public.

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Service public travail et statut, quelles interactions ?

Est-il possible de séparer le service public et les personnels qui en assurent les missions, des droits qu’ils possèdent dans ce cadre là ? N’est-il pas indispensable d’examiner le service public à la lumière du travail des femmes et des hommes qui l’assurent ? Parce que c’est ce travail qui, finalement, réalise le service public. Parce que ce travail est en souffrance dans tous les services publics, quelles qu’en soient les organisations – publiques, associatives ou privées – les statuts ou garanties collectives des personnels. Les intervenants de cette table ronde, chacun à sa manière,  le soulignent.

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