Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Une autre dimension des luttes

Les luttes pour les services publics sont trop souvent réduites à la protestation des personnels. Ils ont raison de se battre mais ne serait-on pas plus forts si on en revenait aux fondements ? L’enjeu ne se limite pas à défendre les services publics comme on défend son entreprise mais de savoir si nous allons vers une société où chacun/e est livré à lui ou à elle-même détruisant ainsi le corps social.

Les services publics ne peuvent être ni de l’ordre de la marchandise ni espaces de rendement financier. Il n’est pas sûr que l’électrification du moindre village ait été à l’époque une opération financièrement rentable mais c’était l’accomplissement d’un droit à l’égalité de traitement. Il s’agit d’assurer à l’ensemble de la société (quels que soient les revenus) : la santé ; l’éducation ; un minimum de sociabilité : la poste, les transports en commun…l’éclairage et le chauffage…Et on pourrait faire mieux : la gratuité du logement social et des transports urbains pour les trajets quotidiens afin d’éviter la voiture…

L’expérience montre qu’il n’y a pas d’espace pour détruire « un peu » ou sauver « un peu » les services publics en défendant un état des lieux malmené déjà depuis plusieurs décennies mais que dès aujourd’hui : ou l’accès à la santé est gratuit pour toutes et tous et c’est le seul moyen qu’il y ait égalité ou il devient marchandise il y a déjà des femmes et des hommes qui renoncent à se soigner. Idem pour l’Ecole et l’enseignement supérieur : l’enjeu est de savoir si l’on va vers une population qualifiée à la hauteur des exigences de notre époque ou si l’on s’enfonce dans le sous-développement. Et l’on voit comment à défaut de service public le logement est devenu un luxe et pour beaucoup une course d’obstacles. Pas plus qu’une femme puisse être presque enceinte, les services publics peuvent être défendu dans presque leur mission. Les luttes sont dès aujourd’hui confrontés à tirer les conséquences de ce qui doit être leur rôle. C’est aussi le moyen que les usagers se mobilisent avec les salariés.

L’autogestion n’est
pas réservée aux
petits espaces

Qui gère ? Qui décide ? Traditionnellement on fait de l’État le garant de l’égalité territoriale. On confond « public » et « État ». C’est un abus de langage : « public » ce sont « les gens ». Cela ne veut pas dire que gérer les services publics par les gens cela déboucherait par un émiettement géographique pour cause de proximité. La gestion de la Sécu durant les premières années de son existence prouve le contraire. Qui aujourd’hui n’a pas une idée sur les mesures concernant la pandémie sans jamais avoir fait le tour du monde ou sur les évènements au Moyen-Orient sans jamais y avoir été ? Participer au fonctionnement d’EDF ou de la SNCF à partir de son expérience personnelle n’implique pas que cette expérience se prive de celle des autres. L’autogestion n’est pas réservée aux petits espaces, des expériences historiques ont démontré le contraire.

Faire société c’est aussi chasser les parasites qui la minent. Que des fortunes se construisent sur des vaccins ou sur les Ehpad ou le logement est contraire à toute mise en société. Si l’on additionne les 90 milliards de dividendes versés aux actionnaires, les différents cadeaux fiscaux faits aux grandes entreprises, la fraude fiscale et à la Sécu, les paradis fiscaux… les capitalistes empochent l’équivalent de la masse salariale de la fonction publique.

Il ne s’agit pas d’abstraction mais de se fixer des objectifs de lutte qui changent le rapport de forces en changeant la nature de ces luttes. Le tour aux autres d’être sur la défensive.

Pierre  Zarka.

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