Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Mexique : la coopérative comme moyen de défendre le service public

En 2009, lorsque le président Felipe Calderón décréta la fin de l’entreprise d’électricité publique qui approvisionnait la ville de Mexico, Luz y Fuerza del Centro, le Syndicat mexicain des travailleurs de l’électricité (SME) et ses 44 000 membres s’opposèrent vigoureusement à sa privatisation. La police et l’armée occupèrent le siège du syndicat et les lieux de travail de l’entreprise. La résistance a duré près de sept ans, jusqu’à ce qu’un accord soit conclu, aux termes duquel le syndicat se voyait accorder, avec la constitution d’une coopérative, la possibilité d’exploiter l’électricité.

Aujourd’hui, le syndicat regroupe quelque 14 600 travailleurs qui ont alors pris la décision d’entamer l’expérience d’autogestion afin de défendre leurs emplois et préserver un service public de l’énergie. Montes de Oca, membre de la direction du Syndicat mexicain des travailleurs de l’électricité explique « Nous avons donc pensé à récupérer les actifs [de l’entreprise], mais à ce moment-là, nous n’avions même pas encore pensé à une coopérative. Ça s’est présenté comme ça : on récupère les actifs, et puis quoi ? Mettons en place une coopérative. » Le syndicaliste ajoute « nous avons estimé qu’il y avait une usure des travailleurs, il n’y avait pas de perspectives. Si nous ne proposions pas une issue, les gens partiraient, ils se démobiliseraient. Nous devions chercher une issue. La coopérative est une issue transitoire, mais elle nous a permis de nous regrouper et de chercher à satisfaire les besoins des travailleurs » et maintenir un service public de l’électricité. La lutte syndicale et la défense du secteur public ont trouvé dans l’autogestion un moyen de poursuivre la lutte.

Patrick Le Tréhondat

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