Délicieux.

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Ouistreham

Le film d’E.Carrère reprend le bel écrit de F. Aubenas infiltrée parmi les femmes de ménage du quai d’Ouistreham. F. Aubenas puis E. Carrère décrivent de l’intérieur la condition de ces  « invisibles » exploitées et dans une extrême précarité.

E. Carrère pose un problème que F.Aubenas avait juste évoqué : J. Binoche écrivaine au nom connu (M. Winckler) s’immerge dans ce monde de la précarité mais aussi de la solidarité en se faisant passer pour la femme sans diplôme d’un garagiste dont elle serait séparée…

Lorsqu’elle est dévoilée, ses collègues devenues ses amies ont le sentiment d’avoir été trahies. Elles sont furieuses. Un moment absolument pathétique est celui du bijou offert en cadeau d’anniversaire à Marianne par ces femmes qui arrivent à peine à nourrir leurs familles.

Le dilemme pour une journaliste, sociologue ou anthropologue : comment faire connaître ces milieux de l’intérieur sans les trahir par une usurpation d’identité ?

Cela évoque le très beau livre L’établi de R. Linhart  mais aussi G. Walraff dans Tête de Turc  partageant la condition des ouvriers dans une centrale  nucléaire ou d’A. Tristan dans Au Front  infiltrée au Front National et plus récemment V. Bresson Au cœur du Z sur Zemour : chacun a négocié différemment et tant bien que mal mensonge et vérité…

Bénédicte Goussault

Ouistreham, Réalisation Emmanuel Carrère, avec Juliette Binoche, Hélène Lambert, Léa Carne, sortie janvier 2022, 1h47

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