Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Radicalité, rupture ou alternatives

Par Daniel Rome

(Cet article fait partie du dossier “Radicalité” que vous retrouverez en cliquant sur ce visuel)

Radicalité. Ce mot dans la langage politique est ancien puisqu’il a donné naissance au parti radical à la fin du 19ème siècle. Il a plusieurs significations dont celle de revenir à la racine des choses. Et rappelons que la radicalité est un terme utilisé aussi bien par l’extrême-droite que par d’autres forces politiques. Au fil du temps les discours de modération n’ont plus été à la mode et celle ou celui qui se prétendait radical, ou porteur de radicalité était considéré comme une personne de conviction car il/elle abordait les problèmes sur le fond. Mais à force d’utiliser ce mot on ne sait plus très bien de quoi on parle. Quand est évoqué l’islamisme radical, on signifie extrémisme, aller au bout d’une démarche, d’une logique de pensée et refus de composer avec d’autres points de vue qui seraient considérés comme plus réformistes. Dans ce cas on pense à violence.

Revenir à la racine des choses

Dans le camp progressiste on évoque la radicalité pour exprimer l’idée de rupture, de révolution, (la gauche radicale…) le fait d’aborder les problèmes sur le fond et non en rester à l’écume des choses, le fait de mettre en travail les consciences, là où a échoué le politique. On peut repérer une diversité d’actions radicales qui sont sur le terrain de la transgression, de la désobéissance : les FEMEN, les faucheurs d’OGM, L214, les actions non violentes d’Extinction Rébellion, ou encore les actions de désobéissance civile d’Attac ou de Greenpeace. Là, on pointe la recherche de ce qui peut être le plus efficace pour construire une société plus juste et plus soutenable. La radicalité a permis de redonner à la politique ses lettres de noblesse car de nouvelles générations se sont impliquées dans le champ politique en inventant de nouvelles formes d’action pour se faire entendre et faire évoluer les consciences, en dehors des structures traditionnelles.

Les moins de 30 ans préfèrent des petits matins qui chantent que des grands soirs qui déchantent !

Mais il me semble qu’il faut s’entendre sur ce qu’on nomme radicalité car tout le monde n’y met pas le même sens. Pour certains c’est un exutoire pour combattre la mollesse qui aurait caractérisé la vie politique. Pour d’autres ce serait un horizon irréaliste. Mais radicalité n’est pas un concept, juste un outil de communication. Je préfère travailler sur la notion de rupture ou d’alternatives même si radicalité est plus à la mode. Le néolibéralisme ne fait-il pas preuve de radicalité pour appliquer ses choix ? A partir du moment où une large fraction du peuple se met en mouvement pour un projet politique alternatif au capitalisme, le mot révolution prend tout son sens. Cependant c’est parce que des minorités agissantes se sont battues pour renverser l’ordre des choses que le projet politique a pu prendre forme et qu’une partie des gens se sont mobilisés pour une société plus humaine et plus égalitaire.

Récemment on a opposé la radicalité de Sandrine Rousseau à celle d’Eric Zemmour comme si on pouvait mettre dans le même sac toutes les radicalités et finalement considérer que la voie de la sagesse, du juste milieu (faut comprendre le choix de Macron) était l’alpha et l’omega. La gauche de transformation n’arrive pas proposer un projet de société qui fasse rêver, qui mobilise les consciences pour dépasser le capitalisme. Là est bien le drame car l’immense majorité des gens de gauche attendent un candidat commun au lieu de se mobiliser au quotidien pour changer leur vie. Mais il y a en germe du déjà là qui me semble prometteur. C’est au printemps que les fleurs éclosent !

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