Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Appeler un chat un chat

(Cet article fait partie du dossier “Radicalité” que vous retrouverez en cliquant sur ce visuel)

Radicalité dit ce qui est relatif à la racine, à l’essentiel, à l’origine d’une chose, d’un phénomène. Dans le champ politique radicalité désigne ce qui a une action décisive sur les causes profondes d’un phénomène. Ce qui n’admet d’atténuation sauf à changer de sens.

Évoquons rapidement la notion de radicalisation. On devrait entendre ici, le chemin de ceux qui transigent de moins en moins. Le mot désigne, dans le vocabulaire gouvernemental et celui de la presse publique ou privée contrôlée par l’argent ce qu’il faut dénoncer, à l’école ou au boulot pour mettre un terme aux attentats terroristes. Ce retournement du mot dit l’inquiétude politique qu’il produit parmi les couches dominantes

Dans les luttes d’émancipation, la radicalité du vocabulaire politique dit la fermeté et le besoin d’appeler un chat un chat pour atteindre les cibles. Ainsi du mot féminicide. Son utilisation a été et demeure un trophée du combat féministe. Multipliant les actions sous des forme renouvelées, en parlant de féminicide, les militantes ont transformé le fait divers en fait social. Son éradication passe obligatoirement par le combat politique contre la domination patriarcale … Imaginons un instant : sans cette radicalité-là, nous en serions toujours au « crime passionnel » !

Devenir maître de son destin

La « barre trop haut » désignerait un niveau, des formes d’affrontement inaccessibles. Reprenons juste conscience, que c’est la classe dominante qui domine … Le niveau de domination nécessaire au taux d’exploitation du travail ou au taux de destruction du travail est l’exact niveau de la barre où commence l’affrontement de classe. Le moment fordien qui exigeait de lâcher de temps à autre quelques miettes afin que la paix sociale préserve les impératifs de productions, est achevé. Ce temps-là a donné naissance à un vocabulaire et des formes de luttes adaptées à la « rigidité souple » de l’affrontement de l’époque. Mais désormais inadaptées. Totalement dématérialisé, complètement internationalisé le capital, contraint à une « modernisation » en perpétuelle accélération, ne peut plus se limiter à produire pour rémunérer les investissements. Désormais, fermant ou exportant les entreprises au gré de l’état de la bourse, il financiarise. La docilité des travailleurs ne se négocie plus. Elle s’impose en toute brutalité, appuyée à l’inscription de la peur dans la société. Nous n’inventons pas la bonne hauteur. Nous y sommes quand nous gagnons, autant dire qu’il faut grimper fort…

La gauche de transformation, celle qui, se présentant à l’élection présidentielle, et faute de mieux se raconte que sa parole dispose ainsi d’une tribune un temps augmentée.  Et pourtant la parole électorale de l’extrême droite est la plus portée par les médias publics ou privés, au point qu’elle apparaît comme le seul pôle de transformation radical de la société française. La souffrance populaire trouve ainsi un lieu où ancrer son espérance.

Est-ce du seul fait des médias ? Ce qui convainc chez Zemmour ce n’est pas de passer très souvent à la télé mais de tenir un propos qui annonce que l’on va -enfin- renverser la table. Ce propos radical est hégémonique faute de devoir affronter, pas seulement dans le discours, mais dans les faits des actes politiques transformateurs qui au moins pour une part assèchent son fonds de commerce.

Quel que soit l’état des forces de la gauche de transformation, construire cette concurrence passe par se dévisser des sondages électoraux, et produire de l’action, de l’expérimentation où l’on s’entraîne, s’entre-aide, à devenir maître de son destin, ainsi recule la peur qui rend féroce.

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