Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Que faire du fait électoral ?

Doit-on obligatoirement confondre les notions de vote et celle d’élection?

Le 10 mai dernier, la rédaction de Cerises la coopérative avait organisé une visioconférence sur les questions qui se posent aux citoyens sur leur intervention en politique par les biais des consultations électorales auxquelles ils sont régulièrement conviés. Pour ces échanges, nous avions sollicité Charlotte Marchandise, Jean-Paul Leroux, Laurence Boffet, Bruno Della Sudda, Adèle Dorada, Léa Vasa. Pour la rédaction de Cerises, étaient présents : Bénédicte Goussault, Daniel Rome, Henri Mermé, Catherine Destom-Bottin, Sylvie Larue

Si nous nous mettons dans la perspective du dépérissement de l’État, tenir compte des réalités actuelles ne nous empêche pas de commencer à mettre en cause la dimension représentative et délégataire.

Aujourd’hui, dans le cadre de la république bourgeoise et de son mode de représentation/délégation/mandatement, les élu(e)s une fois élu(e)s bénéficient d’une profonde indépendance vis-à-vis de leur mandataires. De fait, ils ne leur rendent des comptes qu’au moment de l’élection suivante. Alors même que ce sont renforcées les procédures de « contrôle » par la classe dominante ( cours des comptes, normes européennes, etc…).

Un enjeu porte sur la déconnexion du vote et des pouvoirs. Un vote prend acte de l’état d’un débat, d’un rapport de force établi. Il est de moins en moins le reflet exact de l’état d’esprit de la population et de ce fait il n’est pas automatiquement l’outil du maintien ou de l’accès électoral au pouvoir dans une (des) institution(s).

Si tout n’est plus dans les élections, on peut dès lors affronter le « moindre mal ». On a pu vérifier combien la désillusion devant ce « moindre mal » engendre ressentiments et recours à l’extrême-droite. Ne pas en tenir compte au nom du réalisme ne fait qu’éloigner de la perception d’une autre approche de l’échéance électorale. Et désespérer d’un changement global de logique, d’une inversion de l’ordre des choses (l’humain d’abord et pas l’argent-roi, par exemple).

Cela n’implique pas de vilipender celles et ceux qui poussés par la panique continuent à voter par défaut ou à examiner des configurations d’alliance lors d’élections. Ceci n’exonère pas d’une position sur les questions de gestion. Mais on peut commencer à créer une dynamique où se débatte la possibilité d’une approche alternative. D’autant que ce qui caractérise la plupart des mouvements et expérimentations alternatifs est un « faire par soi-même » qui accroît la crise de la politique institutionnelle et que la plupart des abstentionnismes sont autant de manifestations de défiance. Si la proposition de la révocabilité est positive, elle ne suffit pas à faire que les citoye(ne)s soient citoyen(ne)s en dehors de toute période électorale. Dès lors le vote peut d’ores et déjà commencer à changer de sens. Il peut devenir un moment de cristallisation des luttes populaires en un mouvement qui prétend être contraignant pour les pouvoirs institutionnels. Il peut commencer à réconcilier avec l’intérêt général et le sens collectif. Dès lors le résultat électoral sert d’abord de levier pour la poursuite de la « constitution » des luttes en un mouvement de dimension politique.

Plusieurs questions ont été travaillées, au cours des échanges :

  • Comment se dégager impérativement des anciens modes politiques ?
  • Comment se dégager nécessairement et concrètement de toute délégation de pouvoir tout en favorisant une appropriation collective de la « chose publique » qui fasse réponse aux besoins sociaux?
  • Quelles réponses construire face à la crise de la politique, des  institutions, à la nécessaire « transition » écologique et sociale et à la montée de l’extrême-droite ?
  • En quoi les mouvement et expérimentations alternatifs qui sont un « faire par soi-même» peuvent être facteurs de dépassement des manifestations de défiance ou de « dégagisme » et abstentions de toutes sortes?

La synthèse des réponses à ces questions constituera le dossier de Cerises pour le numéro de juin.

En avant-première, ci-après, l’intervention de Jean-Paul Leroux, d’Ensemble! Hautes-Alpes qui s’est attaché à l’aspect historique de ces questions

Partager sur :         
Retour en haut