Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Baudelaire, poète maudit

« Albatros à chaîne et à guêtres, cigale qui claque du bec… Poètes vos papiers ! » chantait Léo Ferré dans les années 70. Baudelaire a été mis en musique par Gabriel Fauré, Henri Dutilleux mais aussi Ferré, Gainsbourg et Reggiani. Baudelaire poète maudit et traîné devant les tribunaux par le Figaro ! pour avoir publié les fleurs du mal. Il sera condamné en 1857 pour outrage à la morale publique. Déjà, à l’époque, les thuriféraires de l’ordre moral sévissaient !

Il y a 200 ans naissait un des plus grands poètes du XIXème siècle Charles Baudelaire qui n’aura vécu que 46 ans. Toute une jeunesse pour produire une œuvre poétique magistrale : Les fleurs du mal.

Il subit à l’âge de 6 ans un drame intérieur : la perte de son père et le remariage de sa mère avec un général qu’il honnissait.

Brillant élève il est cependant régulièrement exclu des établissements scolaires pour indiscipline. Pour le mettre « au pas » et le soustraire à sa « dérive » sa mère sur injonction de son mari le fait embarquer pendant 7 mois sur un bateau vers l’Ile Maurice. Ne sera-t-il pas le bateau ivre ? A son retour en France il contracte la syphilis et ne sortira jamais de sa mélancolie. Il fera une tentative de suicide à 25 ans et connaîtra des amours déçues avec Jeanne Duval, Marie d’Aubrun et Apollonie Sabatier qui seront ses muses. Il mènera une vie de dandy, amoureux de la beauté de l’art. Il prend beaucoup de drogues (absinthe, opium, haschich) pour combattre la mélancolie et les douleurs mais aussi pour puiser sa créativité d’où le poème sur les paradis artificiels : « D’ailleurs cet état charmant et singulier, où toutes les forces s’équilibrent, où l’imagination, quoique merveilleusement puissante, n’entraîne pas à sa suite le sens moral dans de périlleuses aventures, où une sensibilité exquise n’est plus torturée par des nerfs malades… »  « Parmi les drogues les plus propres à créer ce que je nomme l’Idéal artificiel, laissant de côté les liqueurs, qui poussent vite à la fureur matérielle et terrassent la force spirituelle, et les parfums dont l’usage excessif, tout en rendant l’imagination de l’homme plus subtile, épuise graduellement ses forces physiques… ». Baudelaire sera le précurseur du mouvement symboliste et un modèle pour ses contemporains.

Il participe aux journées révolutionnaires de février 1848 et voue une haine féroce à l’égard de Napoléon III. Très influencé par E. Allan Poe il en sera le traducteur. Son recueil « les fleurs du mal » est structuré en 6 sections (spleen et idéal, tableaux parisiens, le vin, fleurs du mal, Révolte et la mort). Il raconte sa descente aux enfers, son déchirement existentiel la solitude de l’homme dans la ville. Son recueil choque la bourgeoisie bien-pensante et ce n’est qu’en 1949 que la cour de cassation réhabilite Baudelaire. Pour conclure un extrait d’un poème « Hymne à la beauté » :

 « Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l’abîme

Ô beauté ! ton regard infernal et divin

Verse confusément le bienfait et le crime

Et l’on peut pour cela te comparer au vin. »

Daniel Rome

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