Délicieux.

Articles courts à déguster à tout moment.

Une littérature des « sans nom »

J’ai couru vers le Nil, d’Alaa El Aswany n’est pas publié en Égypte. Ce livre vaut à son auteur d’être accusé de crime contre le régime et de vivre en exil. A partir du parcours de ses personnages, il fait revivre les journées de la révolution de 2011 et radiographie un pays gangrené par la corruption, l’hypocrisie, et les crimes du nouveau pouvoir contre la jeunesse de la place Tahrir. L’œuvre se présente à la fois comme un récit et un roman. Elle peint en alternance des séquences de la vie des protagonistes fictifs et réels de cette tragédie. Les personnages sont tous des personnages principaux. Chacun incarne une facette de la société, des évènements et de la réflexion sur le pouvoir, l’engagement et la désillusion. La puissance d’évocation, le style précis et ironique pénètre l’intimité des personnages, leurs émotions et leurs pensées et permet au lecteur de s’identifier et de vivre l’évènement de l’intérieur.

Avec El Aswany, E. Vuillard et d’autres, une  génération d’écrivains émerge pour lesquels les gens du commun et leurs destins collectifs deviennent objets de création littéraire. Leur démarche est de se placer au milieu de la foule et de sortir les anonymes de l’invisibilité.

Josiane Zarka

J’ai couru vers le Nil, Alaa El Aswany  Éditions Actes Sud Coédition L’Orient des livres. Septembre, 2018, 432 pages.

Partager sur :         
Retour en haut