Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Une urgence : changer de société


Cet article fait partie d’un dossier que nous consacrons à la pandémie et à ses conséquences, voir les autres éléments de ce dossier URGENCES SANITAIRES, SOCIALES ET POLITIQUES:

Sans oublier deux articles publiés fin mars :


                             

« Certains biens et services doivent être placés en dehors de la loi du marché…La santé gratuite pour tous et l’État providence ne sont pas des coûts mais des biens précieux et des atouts indispensables ». Ce n’est pas un gauchiste qui a dit cela le 13 Mars mais le Président Macron. Puis il annonçait le report de la « réforme » de la retraite, de la loi sur l’assurance chômage et on apprenait celui de la privatisation de l’Aéroport de Paris. Touché par la grâce ? A moins qu’après les luttes des 12 derniers mois, dénoncer les méfaits de la loi du marché soit dans l’air du temps. Peut-être même dans une majorité de têtes. On peut penser que les forces du capital comptaient mettre sur le dos du coronavirus une grave crise systémique attendue depuis plus d’un an mais paradoxalement l’épidémie révèle aussi ce qui doit changer. Et le Medef de déclarer qu’il « ne voulait plus être sous la pression des salariés ». Qui donc est sur la défensive ?

Ne soyons pas en deçà de ce qui mûrit. Dégager la santé du marché doit impliquer toute la santé : laboratoires pharmaceutiques compris. Mais il n’y pas que la santé qui doit être dégagée des logiques du marché. Je n’ai plus d’enfants en âge d’aller à l’École, je n’en demande pas pour autant qu’on me le déduise de mes impôts, pas plus que mes voisins qui se couchent tôt refusent de contribuer à l’éclairage public. La Sécu illustre parfaitement cette dimension : tous pour un et un pour tous comme dirait quelqu’un. Tous les services publics sont « des atouts indispensables ».

Mais pas seulement.

 Laisser la production de biens matériels entre les mains du marché a des effets pervers. Loin de moi d’assimiler la production d’automobiles ou de I phones à un service public. La loi du marché pousse à la concurrence et au gaspillage notamment publicitaire. Le coût de celui-ci peut aller jusqu’à 50% du prix de certains objets. Le marché induit aussi la course à la consommation : si vous n’avez pas le dernier I Phone vous êtes un has-been, il faut jeter le vôtre. L’industrie pétrolière a poussé à l’hypertrophie de la voiture et du poids lourd au détriment du rail et du transport collectif, avec leurs émanations de gaz et de particules de caoutchouc. La course au profit est devenue incompatible avec le développement des connaissances et les mutations qu’exige le travail. Toute tentation de revenir aux années 45-70 (les fameuses trente glorieuses) est une dangereuse illusion.

Pas plus qu’une femme ne peut être un peu enceinte, on ne peut sortir un peu de la loi du marché. En témoigne Renault ou ce que sont devenus les PTT.

On évoque çà et là le mot de nationalisation. Là encore signe des temps qui appelle à préciser : étatisation ou socialisation ? Le XXème siècle est riche en désillusions. Des entreprises publiques françaises à la Chine en passant par l’implosion de l’URSS ; tout montre que l’étatisation échappant à la maîtrise des intéressés finit par revenir au capital. Entre la passivité que cela induit, la dépendance à des décisions prises en dehors de soi, la récupération par des logiques capitalistes, les pas sont vite franchis. Sortir du marché suppose, plus que le contrôle, la maîtrise par les intéressés.

Si les chercheurs avaient eu le pouvoir nécessaire sur leur activité, il n’y aurait pas eu ce drame.

Si les médias étaient gérés par professionnels et usagers, les comportements seraient différents.

Si le pouvoir était organisé de manière que ce soient les citoyens qui l’exercent réellement, nous aurions gagné du temps et épargné des vies.

Et si… Et si…

N’est-il pas urgent que cela devienne réalités ?

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