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Virer les actionnaires ?

Pourquoi et comment s’en passer

Benoit Borrits nous livre une réflexion politique radicale… et nous invite à « prendre en main notre destin » ; c’est-à-dire à « une appropriation sociale des entreprises, de leurs choix, et du système bancaire qui les soutient ».

Virer les actionnaires : une utopie politique qui implique de prendre au sérieux la fin du système économique capitaliste qui va contre le progrès social et la transition écologique, et qui est déjà en « fin de parcours ».

C’est, en effet, dans  le conflit entre profit et prix du travail que tout se joue. L’aboutissement de ce conflit aboutit donc à la suppression du profit et à « piloter par la valeur ajoutée », qui représente la valeur du travail. On ne peut plus se contenter d’une politique redistributive keynésienne.

Benoit Borrits fait une distinction fondamentale entre la valeur d’une entreprise, purement spéculative, et son patrimoine net : la confusion entre les deux nous met dans une impasse. Les projets d’investissements des entreprises sont actuellement soumis à cette pression des actionnaires d’une rentabilité supérieure au taux d’intérêt et à la prime de risque pour valider un projet pour le développement de l’entreprise et de la société. Ceci justifie la fermeture d’entreprises ou d’unités de production pas assez rentables pour les actionnaires mais tout à fait productives, ce que plusieurs reprises d’entreprises par les salariés ont démontré. Après l’éviction des actionnaires, l’objectif des travailleurs est de maximiser la valeur ajoutée qui détermine leurs rémunérations. C’est à l’intérêt social d’un projet qu’il faut s’attacher et non au profit qu’il génère.

Très bien, pense certainement le lecteur bien formaté aux théories keynésiennes. Mais comment réaliser cette utopie ? Comment faire sans l’argent et l’investissement des actionnaires ?

C’est là qu’intervient le Fonds Socialisé d’Investissement (une trouvaille !) qui combine deux fonctions, celle d’une banque centrale et celle d’un fonds d’investissement. Une organisation sans actions ni obligations où la monnaie devient le seul actif financier. Le FSI fournit aux banques des crédits à des taux avantageux de façon à ce qu’elles puissent financer des investissements à risque qui répondent à d’autres impératifs que le profit ; de recherches, sociaux ou écologiques par exemple. Le FSI, est un « commun de socialisation »  c’est-à-dire que ce sont les citoyens d’une zone géographique qui décident des grandes orientations des investissements.

Virer les actionnaires a une véritable portée politique : sortir du capitalisme. Par une troisième voie, ni libérale, ni nationale populiste, mais par une réelle démocratie qui réponde aux aspirations nombreuses et légitimes de nos concitoyens, non plus par l’État et des représentants qui représentent de moins en moins, mais par des salariés qui connaissent leur métier et prennent des décisions en commun avec les usagers et les citoyens.

Bénédicte Goussault

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