Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Les origines du système représentatif

Cet article fait partie du dossier : “Que faire des élections?”. À lire également sur le site :

Alors qu’en 1793, les assemblées primaires (circonscriptions territoriales de 39 à 41.000 votants) ont une fonction délibérative incontournable pour chaque loi, les acteurs de Thermidor n’eurent de cesse de retirer au peuple toute possibilité d’intervention. Joseph Sièyès, pilier du Tiers État déclare à la Convention : le peuple ne peut parler par lui-même parce qu’il n’a pas d’existence politique propre, il ne peut parler que par ses représentants. Boissy d’Anglas en 1794[1] : « le pouvoir est trop faible et les assemblées primaires livrées au suffrage universel, sont une des principales sources d’anarchie parce qu’elles y concentrent un pouvoir important et que le peuple y est constamment délibérant (…) seuls les meilleurs sont aptes à gouverner. Ceux qui possèdent une propriété sont attachés aux lois qui la protègent, à la tranquillité qui la conserve et qui doivent à cette propriété et à l’aisance qu’elle donne l’éducation qui les a rendus propres à discuter avec sagacité et justesse les avantages et les inconvénients des lois… ». Pour Cabanis « le vrai système représentatif où tout se fait au nom du peuple et pour le peuple ; rien ne se fait directement par lui ; il est la source sacrée de tous les pouvoirs mais il n’en exerce aucun … le peuple est souverain mais tous les pouvoirs dont sa souveraineté se compose sont délégués… ».

             A la différence de 1793 et 1848, l’innovation de la IIIème République, a été de dissocier République et Révolution, faisant de la conflictualité une anomalie, renvoyant le rôle politique du peuple aux seules élections. Toute autre forme d’accès à la politique n’est que de l’ordre d’un droit individuel à avoir ses opinions. On oublie que Thiers et Mac-Mahon qui participent à la fondation de la IIIème République étaient monarchistes. A ses pairs, Thiers explique : « outre que la demande est trop forte, 1830… 1848… 1871… n’en avez-vous pas assez d’être pris par surprise ? Le droit de vote sera le moyen de prendre régulièrement le pouls des classes dangereuses ce qui permet de prévenir plutôt qu’avoir à guérir… ». C’est aussi le moyen de dissocier les « élites républicaines » de ces « classes dangereuses ».

Pierre Zarka


[1]             Cité par Marc Belissa et Yannick Bosc in le Directoire/ La République sans la démocratie ed. La fabrique

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