Edito.

L’Humeur de la rédaction.

Le mouvement se termine…

C’est ce qu’écrivent les spécialistes de tout et de rien qui pullulent dans les médias. Celles et ceux qui ne l’ont pas vu venir ; qui n’ont pas compris qu’il allait durer ; qui ont passé des semaines à pronostiquer SON déclin ; bref des avistologues de haut niveau. Mais dans la vraie vie ?

A la RATP et à la SNCF, la grève reconductible, historique, a cessé ; elle se poursuit dans d’autres secteurs moins médiatisés et/ou qui l’ont commencé plus tard. Grèves, débrayages, manifestations, rassemblements, interpellations directes de responsables patronaux ou gouvernementaux, assemblées générales : il y a une multitude d’initiatives. Elles sont ancrées dans les territoires, au désespoir de celles et ceux pour qui « le débouché » passent par « une grande manifestation nationale à Paris » …. Qui aiderait les « personnalités » à, enfin, reprendre les choses en mains, se montrer, déposséder de leur mouvement tous les anonymes qui le construisent depuis deux mois !

Bien sûr, il y a le projet de loi contre les retraites, mais nos colères sont multiples : de l’hôpital aux établissements scolaires, des pompiers aux égoutiers, des retraité.es aux lycéen.nes, des quartiers populaires aux avocats, des personnes au chômage aux victimes de l’auto-entreprenariat… Et les revendications féministes, antiracistes, égalitaires traversent et imprègnent (encore insuffisamment) tout cela. Fédérer nos refus et résistances, les dépasser : voilà l’enjeu. Il dépasse sans doute le temps d’une seule grève, mais se construit. Lois travail, gilets jaunes, retraites, nous sommes dans une séquence longue de la lutte des classes ; l’épisode en cours est important, bien sûr, mais non unique.

Jets d’outils de travail (des robes noires aux blouses blanches, en passant par les livres scolaires ou le matériel du personnel du Mobilier national), chœurs de l’Opéra à Bastille, ballerines en tutu devant le palais Garnier, pompiers escaladant la Gare du nord, ne sont que quelques exemples d’une créativité qu’on retrouve dans toutes les manifestations, les piquets de grève, les collectifs en lutte. A propos des retraites, ignorant la discussion piégée sur le seul financement (sans rien remettre en cause du système !), monte l’idée qu’avant tout « la Sécu, elle est à nous, pas aux patrons ni au gouvernement ; c’est à nous d’en décider ! »

Le mouvement se termine ? Continuons de le terminer ! C’est passionnant et utile.

Christian Mahieux

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