Edito.

L’Humeur de la rédaction.

Retraites et rapport de forces.

 

 On dit parfois que le rapport de forces serait en défaveur des forces de progrès. On l’analyse aux résultats des partis politiques ou au nombre de manifestant-e-s. On se fait une raison. Cela compte mais l’analyse est trop limitée. Le rapport de force n’est pas une donnée figée mais une réalité mouvante. Il n’évolue pas seulement de victoires en victoires ; prendre l’initiative de viser des objectifs hors du cadre du capitalisme ou pas, en fait partie intégrante. Est-ce possible ?

 Qu’y a-t-il derrière l’intransigeance du pouvoir et son goût pour la répression ? Signe de force ou peur de tout perdre ? En octobre 18, on pouvait lire dans le Nouveau Magazine Littéraire  (n°10): p 29« L’enrichissement frénétique des plus riches au détriment des salariés creuse un fossé qui pourrait être sa tombe » ; p31 : « La financiarisation est en cause ; c’est elle qui fait voler en éclats le compromis social de l’après-guerre. L’existence du bloc soviétique, apparemment florissant, contribuait à donner du pouvoir aux salariés : Vous n’avez pas envie d’un système de soviets ? Alors faites que l’on se tienne tranquilles, augmentez nos salaires ». p33 : « Un soulèvement est-il possible, qui balayerait ce capitalisme suicidaire ? » (sic). L’Humanité du 30 Aout, rend compte d’une réunion du Medef à Paris-Longchamp. Elle se déroulait sous le signe de l’inquiétude : « nous sommes face à une mise en cause violente du système… l’idée libérale est remise en cause partout ». Que nous manque-t-il alors pour nous sentir plus forts? A cette réunion, Sarkozy avait la réponse : « en face, aucune force ne propose un système alternatif ». Là est le verrou.

Agir contre la retraite à points n’a pas la même portée si on se limite au refus ou si l’on dit qu’il y a dans les 59 Milliards de dividendes versés aux gros actionnaires de quoi mettre tout le monde au niveau des meilleurs régimes. On n’en est pas là ? Justement, si celles et ceux qui luttent sont porteurs de solutions, ils et elles sont porteurs d’espoir, rassemblent et mettent les forces du capital sur la défensive. La présence dans les esprits d’un objectif fait évoluer le rapport des forces avant même de l’atteindre. Le camp qui définit de quoi on parle prend toujours l’avantage. D’autant qu’on a vu avec les Nuits Debout après la place Tahrir ou l’impact des Gilets Jaunes que ce qui pousse dans un pays résonne et influe sur ce qui se passe dans d’autres.

Pierre Zarka

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1 réflexion sur “Retraites et rapport de forces.”

  1. Mouréreau Michel

    1 Commentaire et 1 rappel:
    / Rappel: En juillet 1944 l’Organisation Internationale du Travail (Lausanne) affirmai le rôle déterminant des INEGALITES dans le déclenchement des guerres.
    / Un commentaire en forme de question: une grève, cette grève contre la “réforme” des retraites est, et reste, par hypothèse, un mouvement syndical, conforme à la Charte d’Amiens, il donc “défensif”. Dans ce cadre les propositions réelles, existent (les 60 Mds€ des dividendes, notamment). Elle se situent donc DANS une négociations à l’intérieur du cadre libéral. Comment poser LA question politique? dans le marasme politique actuel, les propositions restent donc néo-keynésiennnes. Je persiste à penser que cette étape reste (hélas) un “point de passage obligé” comme disent les militaires. Les mêmes font valoir que ces points de passage sont propices aux embuscades……d’où l’inquiétude du MEDEF

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