Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Rennes, une citoyenne à la mairie

Dossier “Territoires et alternatives démocratiques”

L’organisation actuelle des territoires masque la mise en place de nouveaux pouvoirs  plus  difficiles à identifier et de plus en plus à l’abri des exigences des citoyens…” (lire ici la suite du Prologue au dossier “Territoires et alternatives démocratiques”)

Interview de Charlotte Marchandise (1), candidate “citoyenne” en 2014 sur la liste “Changer la ville” avec EELV et une partie du Front de Gauche, adjointe chargée de la santé à Rennes 

Cerises la Coopérative : La participation citoyenne fait partie de ton ADN politique. Au cours de ton mandat, tu as exercé des responsabilités dans le domaine de la santé à l’échelle locale et à l’échelle internationale. La participation citoyenne à ces deux échelles est-elle possible?

Charlotte Marchandise : Il s’agit déjà de définir ce que nous entendons par participation : est-ce que nous invitons les habitant.e.s à donner leur avis ? à construire le projet ? à le réaliser ? Quelle marge de manœuvre ont-ils, quel réel pouvoir de décision ?

Je pense que la participation est possible à tous les niveaux dès lors que l’on commence par une véritable transparence et une définition claire des enjeux, des personnes concernées, du pouvoir de chacun et des moyens attribués. Donner un cadre est une garantie, tout comme un respect profond des citoyennes et citoyens à qui nous nous adressons. Le cadre peut être local, national ou international, il peut aussi être infra-local ou thématique. Ainsi dans le cas de la santé à Rennes, nous animons un comité consultatif santé-environnement qui concerne tous les acteurs de la ville, avec lequel nous avons défini les grandes lignes qui me guident au quotidien dans ma décision, à travers une charte « Rennes en Santé ». Les critères d’attribution de subventions ont été décidés collectivement : des actions qui concernent les rennaises et les rennais (pas de soutien à des colloques professionnels nationaux, qui sont de plus souvent soutenus par les laboratoires pharmaceutiques), des actions co-construites avec les personnes concernées et si possibles construites en partenariat (éviter d’avoir une forme de saupoudrage avec plein de petites subventions sans réfléchir aux besoins du territoires), et des actions qui visent à réduire les inégalités sociales de santé, en se déclinant dans les quartiers prioritaires par exemple. Nous animons ensuite des espaces de démocratie sur différents sujets : commissions santé dans les quartiers, conseil rennais de santé mentale, comité de l’animal en ville…

Au niveau national ou international, plein de possibilités existent également. Leur crédibilité dépend du fait de savoir que le vote va être respecté, dans le cas d’un référendum par exemple, ou que le travail fourni dans les consultations va être suivi d’effet, ce qui est la question centrale de la convention citoyenne sur le climat qui se déroule actuellement

Cerises la Coopérative : Tu as acquis une certaine expertise au cours de ces 6 ans. Pourquoi ne te représentes-tu pas?

Charlotte Marchandise : C’est entre autre parce que j’ai acquis cette expertise que je ne me représente pas ! Les agents des collectivités sont des experts, ils m’ont formée et accompagnée. J’ai apporté un regard extérieur, citoyen, neuf sur les questions de santé à la ville de Rennes, un regard politique. Il me semble très important de ne pas confondre les rôles des uns et des autres, et c’est une discussion qui n’a pas lieu assez souvent : au fond, quel est le rôle de l’élu.e ?

D’autre part, je crois au mandat unique – au moins sur une fonction ou un échelon. Plus nous mettrons en place les moyens systémiques du renouvellement politique, plus nous pourrons l’ouvrir à d’autres personnes. Pour ma fin de mandat je prépare un véritable bilan, une évaluation et une transmission au suivant, et je trouve cela passionnant. Difficile à réaliser en étant en campagne !

De plus, un mandat peut très vite se transformer en carrière, d’autant plus qu’il n’est pas évident de retrouver un travail après 6 ans en tant qu’élue. Je veux pouvoir rester libre de m’engager en politique ou pas, et cela implique de maintenir une véritable activité professionnelle.

Enfin c’est une façon de ne pas oublier ce qu’est la réalité de la vie de la plupart des françaises et français, faite d’entretiens d’embauche et de rapport de subordination, et de garder les pieds sur terre.

(1) Autrice de Radicale bisounourse, une citoyenne à la présidentielle

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