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Premières impressions d’un voyage militant en Algérie

Je devais participer à la délégation d’Ensemble en Algérie mais contrairement à mes autres camarades je n’ai pas pu obtenir de visa bien que j’ai fait la demande dans les délais. Bien sûr je ne pourrai pas le prouver mais n’ayant toujours pas eu de réponse au bout d’un mois cette non-réponse a tout d’un refus qui n’ose pas dire son nom.

Donc faute de pouvoir le faire moi-même je vous transmets un texte écrit par mes ami-e-s ayant participé à cette délégation.

Henri Mermé.

Une délégation du mouvement Ensemble ! est allée en Algérie à Alger et Bejaïa entre le 26/09 et le 06/10 pour rencontrer les acteurs et actrices du Hirak ce formidable mouvement de démocratie populaire de nature révolutionnaire et leur apporter un salut militant de soutien. Voici leurs premières impressions.  

Vivre le Hirak et le sentir lors d’une marche du vendredi à Alger nous a procuré une émotion très forte. Ce qui nous a impressionné, c’est la diversité des genres, des âges, des origines sociales, des langues et des quartiers, ainsi que le caractère pacifique, festif, inventif et joyeux de ce mouvement.

 Il fallait voir cette marée humaine dans les rues, ces vagues puissantes et successives descendant des quartiers populaires vers le centre d’Alger avec leurs banderoles criant et scandant avec force et détermination encore et encore les slogans, créés, toujours recommencés, répondant au dernier discours menaçant du pouvoir. C’est que le seul dialogue avec le pouvoir est dans la rue. Après avoir dû concéder le multipartisme suite à la révolte de 1988, ce dernier a créé le vide autour de lui de sorte qu’il n’y ait pas de contre-pouvoir crédible. Il y a un éparpillement, des divisions et sous-divisions des partis, associations et syndicats qui sont dans l’opposition. Tous ceux que nous avons rencontrés sont profondément inquiets de ce face à face, ce bras de fer avec le pouvoir. Et effectivement, nous avons constaté une incertitude réelle quant à la suite des événements. Les analystes politiques sont désorientés.

Cependant l’espoir est toujours immense et rien ne sera plus comme avant. Les Algériennes et les Algériens ont repris le contrôle de l’espace public (toute manifestation était interdite à Alger depuis la « décennie noire) et ont repris une parole que le pouvoir avait muselée. Et plus le Hirak dure plus il gagne en maturité politique, plus le rapport de forces est en sa faveur. Ce qui explique l’empressement du système à organiser des élections présidentielles. Celles-ci sont catégoriquement rejetées par le Hirak : « c’est une farce, ce sont les mêmes qui ont appelé à un 5ème mandat de Bouteflika qui les organisent ! ». Un passage en force pour les imposer sera payé très cher. Autiste, le pouvoir intimide, arrête, kidnappe les têtes qui émergent du mouvement qui est sans porte-paroles.  Autiste, il n’arrive pas à changer de logiciel et fait voter en toute illégalité des lois anti-sociales (exemple la loi de finance 2019 offrant l’Algérie aux multinationales).

En l’absence de structuration de la société civile, le mouvement reste fragile. Il est à la recherche d’une transition vers une Algérie démocratique libre, indépendante avec une justice sociale.  Quelques propositions sont suggérées : gouvernement provisoire de 2 ou 3 ans excluant toute personne ayant exercé le pouvoir auparavant, processus constituant partant de la base en vue de l’élection d’une constituante souveraine. Mais le pouvoir refuse de discuter de ces propositions, comme il refuse la libération des détenus politiques arbitrairement arrêtés depuis le début du Hirak.

Et la détermination populaire reste intacte

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