Edito.

L’Humeur de la rédaction.

La santé en otage[1]

Le procès du laboratoire Servier pour le Médiator s’est ouvert, enfin, à Paris ce 23 septembre…En avant-première d’un dossier à venir sur la santé, Cerises a voulu analyser les implications et les significations de ce « scandale sanitaire ».

Le Médiator c’est 145 millions de boites vendues, contenant une molécule dangereuse; c’est entre 500 et 2000 morts et 5000 victimes … et c’est 300 millions d’euros de profit…

Le laboratoire Servier qui a su actionner toutes les manœuvres dilatoires pour retarder le retrait du médicament du marché malgré sa dangerosité (une première alerte date de 1986) et pour retarder ce procès, n’en est pas à son premier méfait puisqu’il avait déjà produit  l’Isomeride, le Duxil, et le Survector nuisibles pour la santé…

L’industrie pharmaceutique c’est aussi les prix exorbitants, la pénurie de médicaments, des recherches sacrifiées ou empêchées, des savoir-faire détruits, des emplois scientifiques et industriels sacrifiés à l’autel des profits. Des pillages des impôts versés par les citoyens, par des crédits d’impôts, 140 millions à Sanofi par ex. qui s’ajoutent aux milliards de dividendes versés chaque année aux actionnaires.

Il devient une nécessité vitale d’extraire l’industrie pharmaceutique, de l’emprise des divers fonds de pension ou d’investissement et du marché pour mettre fin à ces désastres humains. Il devient urgent que l’humanité s’approprie toute cette chaîne du médicament afin de la mobiliser, de la mettre aux services des besoins, de la rendre plus efficace et avec une sécurité maximale.

Il devient urgent de faire prévaloir les valeurs de solidarité et d’universalité comme fondement de nos systèmes de santé.

Il y a nécessité de l’appropriation sociale et publique de ce secteur, soit une prise de pouvoir de décider par les salariés, les professionnels, les citoyens. Des mobilisations sociales, des engagements s’affirment comme en témoigne « Le manifeste pour une appropriation citoyenne active et solidaire de la santé[2] ». Des initiatives sont prises, souvent encore éclatées, elles ont toutes les raisons de se rencontrer, de converger et de prendre conscience de leurs forces.

Cette bataille a aussi un enjeu plus fondamental, celui d’ouvrir une brèche dans la légitimité du capital à imposer dans tous les domaines de la vie, sa domination. Et ouvrir ainsi les portes d’un autre futur.



[1] Sanofi /Big Pharma Syllepse 2014

[2] medicament-bien-commun.org

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2 réflexions sur “La santé en otage[1]”

  1. La présentation de l’article dit qu’il “anticipe sur les mobilisations de novembre sur la question.” C’est loin d’être le cas, la question du médicament n’est qu’une partie de la marchandisation de la santé qui mine notre système solidaire ‘à chacun selon ses besoins”
    Ce qui est en cause dans les luttes sur la santé va plus loin :
    – la mise en cause de la protection sociale avec la suppression des cotisations dites salariales, les exonérations de cotisations dont on voit aujourd’hui qu’elles conduisent à limiter les moyens de la sécu donc à réduire de fait les dépenses de santé socialisées : un ONDAM avec une augmentation si réduite chaque année qu’il ne finance plus des moyens me constants alors que le nombre de patients augmente. Derrière se profile avec les mutuelles et les assurances privées la limitation du rôle de la sécu dans la prise en charge de la santé.
    – le choix est fait depuis quelques années de favoriser le privé lucratif au détriment des services publics de santé au premier rang desquels l’hôpital public outil essentiel de l’accès de toutes et tous aux soins
    le choix. Les mécanismes de financement conduisent à subventionner les établissement privés lucratif en leur laissant les soins rentables. La crise des urgences montre que gouvernement et autorité de santé n’ont aucune exigence sur le fonctionnement de la médecine libérale de ville ( après les mêmes reprochent aux patients d’engorger les urgences pour des bobos) et que les contraintes d’accueil ne pèsent que sur le service public
    – la rente de l’industrie du médicament ne vient que renforcer les éléments de crise évoqués plus haut ce qui ne doit pas nous empêcher d’exiger une appropriation collective de ce secteur

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