Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Les 3 vies de Lucien Sève

5 juin nous rentrons sous la coupole de l’espace Niemeyer à « Fabien » comme disent les communistes pour voir « les 3 vies de Lucien Sève ».

Moment d’émotion de se retrouver dans ce lieu qui accueillit pendant des décennies les réunions du comité central du Parti Communiste, alors une des principales forces politiques du pays. On retrouve des têtes connues, des militants de jadis et aussi des jeunes étudiants de l’UEC. Moment d’émotion pour Lucien Sève qui fréquenta assidûment ce lieu de 1970 à 1994. Moment d’émotion pour nous tous de retrouver un homme jeune, de 92 ans, encore plein de projets d’écriture et de recherche. Le film réalisé par Marcel Rodriguez a le mérite de présenter le parcours d’une figure intellectuelle qui a marqué l’histoire du Parti communiste ces cinquante dernières années. On voit tour à tour la jeunesse de Lucien Sève sa naissance à Chambéry et son parcours jusqu’à la rue d’Ulm, portrait haut en couleurs et l’on découvre un Lucien Sève passionné de musique ayant pratiqué le violon, et nous parlant avec beaucoup de ravissement comment la Chaconne de Bach l’a ému aux larmes, un Lucien Sève cinéphile et ses premiers articles dans des revues spécialisées. Ensuite nous découvrons le professeur de philo qui a failli être révoqué de l’Éducation nationale à cause de son engagement communiste en pleine guerre froide où le communiste était l’homme à abattre. Le film nous montre sans nostalgie aucune les grands moments du PCF où Lucien Sève a participé activement, en marquant de son empreinte des temps forts comme le comité central d’Argenteuil en 1966 sur la culture ou le 22ème congrès et l’abandon de la « dictature du prolétariat » ou encore les moments difficiles et tendus où Lucien Sève et ses amis ont tenté de montrer que le PCF, sur le plan stratégique, faisait fausse route, mais en vain. A toutes les étapes de sa vie on sent entremêlés le chercheur et le militant, dominés par la rigueur de pensée et la bienveillance envers ses semblables.

Pour Lucien Sève, nous pouvons espérer une 3ème vie grâce aux progrès de la médecine et l’amélioration de la qualité de vie. Depuis ses 60 printemps il n’a jamais été aussi actif et il montre, avec lucidité et force de conviction, que la vie est un combat permanent et qu’il n’y a pas de fatalité de la loi de la courbe en cloche où, passé un certain âge, nous commencerions la tragique descente avant d’être taquiné par la camarde. S’interrogeant sur la vieillesse, Lucien Sève écrit aujourd’hui : « Question théorique d’immense enjeu pratique : il ne s’agit de rien de moins que de savoir si ceux et celles qui bientôt constitueront le tiers du genre humain vont être largement traités comme une charge sociale oisive, insupportablement croissante ou comme les pionniers d’une troisième vie à part entière, capable de transfigurer le sens même des deux vies précédentes – celles de la formation initiale puis du travail professionnel. ». Aujourd’hui cette 3ème vie est remise en cause par les tenants du néolibéralisme.

L’œuvre de Lucien Sève est considérable, centrée sur la pensée de Marx et sa visée communiste Je lui dois beaucoup sur le plan intellectuel et cette soirée m’a donné beaucoup d’énergie pour poursuivre nos combats communs. Je lui adresse mon affectueuse amitié.

Daniel Rome

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2 réflexions sur “Les 3 vies de Lucien Sève”

  1. Bilan carbone fait
    Au grand soir nous irons danser…

    Sans chemise sans pantalon
    Avec ou sans les gilets jaunes
    Nous ne resterons pas aphones
    Mouillant nos glottes au vin bon…

    Avec ou sans nos illusions,
    C’est de l’amour vrai qu’on se donne
    Allons au bout de nos passions !

    Puisque sous le papier carbone
    Tout est transmis de nos crayons
    À l’Histoire qui déchiffonne
    Les ailes de nos papillons…

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