Notes d'actu.

Notre récit d’un monde en mouvement.

Algérie : le mouvement populaire à la croisée des chemins !

Le Conseil constitutionnel a officialisé le 2 juin l’annulation de l’élection présidentielle du 4 juillet. Il a, en même temps, « prolongé » le mandat de l’actuel chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah, « jusqu’à l’élection du Président de la République » alors même que, selon la Constitution, celui-ci devrait s’achever le 9 juillet. 

Il faut dire que cette élection à cette date était vouée à l’échec dès sa programmation, les Algérien-ne-s rejetant une élection organisée par les symboles de l’ancien régime et dans les mêmes conditions. Au fil des semaines, il devenait de plus en plus clair que celle-ci ne pouvait pas se tenir, même si, lors de chacune de ses interventions, le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, insistait sur le respect de la « voie constitutionnelle ». Et malgré cet échec, le Président par intérim confirme que la seule solution c’est que cette élection ait lieu malgré tout à une date ultérieure, à quoi les foules, toujours aussi nombreuses lors des manifestations du vendredi, répondent en scandant « système dégage ».

Depuis la chute d’Abdelaziz Bouteflika, la rue algérienne s’est imposée comme le seul grand acteur politique face à une armée qui s’exprime par Ahmed Gaïd Salah et qui détient désormais, de façon claire, la totalité du pouvoir après avoir éliminé en les envoyant en prison Saïd Bouteflika le frère et éminence grise de l’ancien Président, les deux anciens chefs de la sécurité militaire et quelques milliardaires. Gaïd Salah parle, alternant main tendue et menaces, tentant d’imposer un point de vue brutal avant de s’adapter en fonction des réactions des contestataires dont la réponse ne varie guère : un « dégagisme » radical et généralisé.

Au moment où ces lignes sont écrites, l’issue de ce formidable mouvement populaire est incertaine. Il y a bien sur un risque de solution du type de ce qui vient de se passer au Soudan où l’armée a brutalement réprimé, faisant de nombreux morts, le sit-in installé depuis des semaines à Khartoum pour exiger le transfert du pouvoir aux civils et s’est emparé de celui-ci.

Reste l’espoir que le mouvement populaire, qui a continué à montrer sa force pendant toute la période du ramadan et commence à s’organiser, restera suffisamment fort pour s’imposer face à l’état-major militaire et qu’un processus de transition démocratique finira par s’installer consacrant la rupture avec l’actuel « système » opaque et dictatorial ! 

Henri Mermé

Partager sur :         
Retour en haut