Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Du global au local

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Pierre Zarka

C’est parti d’un forum organisé par plusieurs espaces alternatifs sur la démocratie. Le système représentatif y avait été fortement critiqué, en dénonçant que nous n’étions citoyens que le temps passé dans un isoloir pour désigner à qui obéir ensuite. Une dizaine d’habitants du même village (Mancey 71 ) se sont dit qu’ils pourraient commencer à passer à la pratique et ont proposé à tous les habitants (un peu plus de 350 adultes) de participer à la vie de leur commune de manière pérenne. La base de démarrage s’est d’abord construite sur des contacts interpersonnels. Cette assemblée (Conseil d’Habitants) se réunit toutes les 5 ou 6 semaines. Elle n’est ni limitée à une fonction de consultation ni une association. Indépendante de tout pouvoir institutionnel elle a annoncé d’amblée prétendre exercer une activité délibérative, c’est-à-dire devenir avec le temps Le Conseil de la Municipalité ; les élus devenant progressivement l’exécutif et donnant une dimension légale à ce qui n’est pas reconnu par la loi.

Au moment où les forces du capital cassent les structures institutionnelles jugées trop proches des citoyens (asphyxie financière des communes, communautés de Communes, nouvelles régions, métropoles, renvoie aux pouvoirs discrétionnaires de la commission européenne et reptation vers le Tafta), les initiateurs se sont dit que la meilleure défense était l’attaque. Il s’agit de se faire entendre y compris au-delà du périmètre de la commune.

Cela a aussi pour effet de consolider les liens des habitants entre eux. On dit souvent que ce type d’initiative serait plus aisé dans de petites communes. Les difficultés ne sont pas les mêmes. Le fait que tout le monde se connaisse draine aussi des contentieux de plus de 20 ans.

En 28 mois, à peu près 100 personnes se sont, de manières inégales, engagées. Tous les habitants sont régulièrement informés par des compte-rendu ; tous ont les moyens d’adresser des demandes ou remarques au Conseil.

Les différentes responsabilités de fonctionnement (groupes de travail thématiques préparatoires, communication ; modérateur, secrétaire de séance, petite coordination entre deux séances…) sont réparties en séance et de manière tournante. Dès le début, le Conseil a été prévenu contre le risque d’ossification que comporte toute structuration si elle manque de souplesse et de mobilité. Nous revendiquons le tâtonnement et l’expérimentation. Plus d’une trentaine d’habitants a pris tour à tour des responsabilités visibles. Il n’y a ni leader ni « conseil de sages » ni ignorants. Aucun participant n’est resté sans jamais prendre la parole. Entre réussir (avec d’autres) à rejeter un projet d’installation d’un hyper marché sur une zone agricole, le refus des compteurs Linky et des interventions sur la voirie ou le choix de dépenses municipales, une coopération avec les élus s’instaure. N’enjolivons pas : « s’instaure » et non pas « s’est instaurée ». La réaction des élus est positive mais avec un enthousiasme variable selon les personnes et suivant les sujets. Le nouveau Maire ayant participé à la création du Conseil d’Habitants, le rôle respectif de chaque espace est en rodage. Nous sommes maintenant devant la nécessité d’être davantage opérationnels. Encore une large majorité d’habitants (particulièrement les moins de quarante ans) a besoin de vérifier l’efficacité de cette démarche.

Reste aussi à ne pas se considérer avec autosatisfaction mais à penser que cela pourrait être valide pour le fonctionnement de toute la société. Il faudra repartir vers le global.

Ce n’est qu’un début…


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