Notes d'actu.

Notre récit d’un monde en mouvement.

Echos de Saône et Loire

par Josiane Zarka  

Des militants d’organisations diverses ont décidé de s’immerger dans le mouvement des Gilets Jaunes, sans étiquette, sans faire de discours mais sans abandonner leurs convictions afin de construire ensemble en s’inscrivant dans le prolongement des questions exprimées. Ce qui frappe c’est la qualité du débat et de l’écoute. Elle ne relève pas de la tolérance mais de la soif de partager les savoirs pour explorer l’inédit. Auparavant, nous avions créé un Conseil d’habitants dans notre commune, indépendant de tout pouvoir institutionnel et exerçant une activité délibérative pour que le vrai pouvoir revienne aux habitants. Nous participons à leurs initiatives et ils participent aux nôtres. Ces échanges d’expériences provoquent souvent l’enthousiasme ; les participants sont contents d’eux-mêmes et cela participe de la prise de conscience. Le mouvement évolue en permanence : en quelques semaines on est passé de l’énoncé des revendications à la recherche de solutions.

Les questions de démocratie émergent immédiatement ; les GJ ne dissocient pas les revendications de la question des pouvoirs pour le peuple à la différence des mouvements traditionnels. Ils ne veulent plus être « représentés » ce qui induit de la verticalité et sont à la recherche de formes d’organisation horizontales. Si certains considèrent que « nos représentants » sont « pourris » et réclament de « bons représentants » ; d’autres pensent autrement : « Ce n’est pas pour mieux comprendre notre colère et nos revendications que le gouvernement veut des « représentants » : c’est pour nous enca­drer et nous enterrer !… Si on nomme des « représentants », des « porte-paroles », ça finira par nous rendre passifs… Le mouvement des Gilets jaunes réclame… le pouvoir au peuple, par le peuple, pour le peuple ». (Appel Commercy 2 Déc 2018)

Voilà qui interpelle la conception de la démocratie et le rapport entre luttes et politique.

La dénonciation des injustices sociales et fiscales ouvre sur un positionnement de classe mais pas encore sur une conscience de classe, encore que parfois l’expression « lutte des classes » apparaisse. Les Gilets Jaunes visent l’Etat et les élus davantage que le grand patronat et les banques. Ils sont sensibles aux inégalités davantage qu’à l’exploitation même si le mot capitalisme revient. La remise en cause du pouvoir des actionnaires et des banques passe par une clarification : les intérêts des artisans, commerçants et PME sont de plus en plus divergents de ceux des grandes entreprises.

Ces questionnements ouvrent sur des enjeux systémiques et ils en ont conscience. Ils tentent maintenant de prendre davantage le temps d’élaborer des réponses jusqu’à présent éludées par la politique traditionnelle.

Josiane Zarka.

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