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Rennes, Les 5 jeudis du travail

par Sylvie Larue

Sylvie Larue

Après une première expérience d’ateliers en commun en 2018, Ensemble ! 35[1] et la Bouffée organisent 5 soirées d’échanges et de débats sur le travail. Le premier fut l’occasion pour les 70 personnes présentes de débattre de ce qu’est le travail et d’échanger ensuite avec Maud Simonet sociologue, auteur du livre « Travail gratuit : la nouvelle exploitation[2] ? ».

23-Maud-Simonet-Travail-gratuitLa première séquence de la soirée a planté le décor : le travail n’est pas le synonyme d’emploi. Parmi les personnes présentes au débat, plusieurs prennent la parole et montrent qu’elles-ils travaillent mais ne sont pas reconnu-es comme des travailleurs-ses : deux jeunes femmes en service civique, une femme « aidante familiale », un jeune allocataire du RSA qui créé des œuvres musicales, un retraité « maître de ce qu’il produit », une retraitée qui joue de la musique dans les maisons de retraite, une femme au chômage qui « profite » de ses allocations pour militer, et d’autres qui parlent du travail domestique.

Du travail empêché dans certaines entreprises, au travail gratuit et à l’impossibilité pour d’autres de choisir un travail qui passionne, les interventions questionnent le fonctionnement du système capitaliste.

Maud Simonet dans son intervention, montre à quel point la définition du travail est une question de rapport de force avec le capital. Nombre d’activités ne sont pas reconnues comme du travail, ou à leur juste valeur, mais font fonctionner les associations, les services publics, et … les entreprises. Les services civiques, l’obligation pour les personnes qui touchent des allocations de travailler, la multiplication des statuts de salariés pour une même activité, le bénévolat associatif, mais aussi les blogueurs qui alimentent le contenu d’un journal (le digital labor). Il existe même des politiques publiques du travail gratuit. L’exploitation ce n’est pas seulement à l’usine. L’État aussi transforme sa manière d’agir, et loin de disparaître, il fait par contre disparaître petit à petit les fonctionnaires.

Avec le travail domestique, Maud Simonet nous montre comment les féministes nous ont donné des outils pour penser le travail gratuit et pour repenser la question de l’exploitation d’une part et celle de la valeur travail d’autre part.

Reste à définir comment contester aux forces du capital leur pouvoir de définir ce qui est du travail et ce qui ne l’est pas, ainsi que sa valeur. Vaste chantier !

 

[1] http://ensemble35.org/atelier-ensemble-et-la-bouffee/   et la   Bouffee     http://labouffee.org

[2] Maud Simonet « Travail gratuit : la nouvelle exploitation ? » Editions Textuel -15,90€ -152 pages

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